Il est toujours intéressant de voir des long-métrages dont le sujet s’attache à des pages méconnues voire inconnues de l’histoire. Et encore plus lorsque ces pages méritent d’être remémorées car elles nous ramènent aux périodes les plus sombres et tristes de notre passé commun. En prenant donc pour sujet l’Holomodor (qui signifie extermination par la faim et désigne « La Grande Famine ») supposément organisé par Staline dans les années 30, cette œuvre fait office de rappel d’une période très noire et opaque du passé. Une période qui a tendance à être oubliée dans les manuels d’histoire et la mémoire collective au profit de la Shoah. Agnieszka Holland semble connaître son sujet sur le bout des doigts et s’être documenté en conséquence mais son scénario peine souvent à clarifier ce pan complexe de notre Histoire et surtout à bien le contextualiser. Il y a donc pas mal de zones d’ombres et le script à tendance à s’éparpiller plus que de raison, surtout dans la seconde partie.
Pourtant les germes d’un film d’investigation et d’espionnage historique étaient bien posés. Mais, si la première heure attise notre attention et se révèle prenante et intrigante, la seconde n’est pas du même acabit. « L’ombre de Staline » délaisse les couloirs du journalisme et de la politique pour se murer dans une espèce de survival qui tranche avec le reste. Encore ce dernier fut-il captivant mais ce n’est pas le cas. En effet, la deuxième partie s’avère lancinante, terne, avec un gros manque de rythme plutôt rédhibitoire alors qu’elle devrait atteindre des sommets de tension. Les longueurs s’accumulent et ont raison de notre patience. De plus, le film se clôt en nous laissant avec pas mal d’interrogations sans réponse et il contient bien trop d’invraisemblances et facilités de scénario pour être crédible.
Plutôt qu’un film d’évasion ou de traque en territoire hostile, « L’ombre de Staline » aurait dû continuer sur le terrain du thriller et du jeu de dupes. Heureusement, le sujet étant passionnant et ses ramifications nombreuses et très intéressantes, on y trouve relativement son compte. On peut y voir beaucoup de résonances avec l’actualité que ce soit dans la manière de manipuler l’opinion publique à coup de propagande ou dans le cadre des lanceurs d’alerte, notre héros en étant un d’une autre époque. Ce dernier est interprété par un James Norton correct mais qui manque de prestance et de charisme. On apprécie l’esthétique surannée, adaptée à cette œuvre classique voire académique, et visuellement très travaillée qui décevra cependant la plupart des espoirs qu’on mettait en elle.
Plus de critiques cinéma sur ma page Facebook Ciné Ma Passion.