Assurément, Mathieu Kassovitz n'a pas fait dans la facilité en s'attaquant au drame d'Ouvéa. On se réjouit d'ailleurs que le réalisateur de « La Haine » soit revenu en France pour tourner sur un sujet aussi fort, loin des Etats-Unis où il avait notamment réalisé le désastreux « Gothika ». Le résultat n'est pas totalement convaincant, Kassovitz ayant un peu tendance à se prendre pour un immense metteur en scène, si bien que le film n'est pas sans quelques lourdeurs et caricatures. Malgré tout, il faut reconnaître à « L'Ordre et la morale » qu'il a des choses à raconter, une certain force visuelle et quelques belles idées. J'ai d'ailleurs beau ne pas m'être captivé pour ce spectacle un peu « gros sabots », je n'ai jamais décroché non plus, l'ami Mathieu montrant une telle débauche d'énergie dans sa démonstration qu'on ne peut que saluer le courage et l'abnégation de celui-ci. Beaucoup de sincérité donc, des maladresses, mais néanmoins du courage et talent, à l'image d'un assaut final réalisé avec beaucoup d'audace et de subtilité : voilà une œuvre dont le cuisant échec au box-office était prévisible, et pourtant loin d'être mérité.