"Si la vérité blesse, alors les mensonges tuent"
Je crois qu'avant d'entrer dans la salle de "L'Ordre et la Morale", dire que je partais avec un apriori relevait d'un euphémisme. Clairement j'avais envie de me payer Kasso. Il m'avait fait perdre 2h de ma vie avec Babylon A.D. et "Fucking Kassovitz" me l'avait présenté en mec pas trop au courant de ce qu'être réalisateur.
Je sors de la salle, et mis a part une photo assez dégueu (n'est pas Donald McAlpine qui veut) et une scène d'assault tellement filmée comme un cul qu'on prefère y fermer les yeux, j'ai rien à lui redire.
Déjà parce que Kasso acteur ca vaut mieux que Kasso réalisateur. Et que finalement même si parait un peu narcissique aux premiers abords, de se coller en premier role, Matthieu avait raison. Puisqu'il est trop occupé à faire un film, il ne cherche pas à faire une perfomance. Son role du film est assez proche de ce qu'on devine lui être arrivé sur le tournage: un mec un peu paumé essayant de sauver la situation à tout moment.
Du coup, pas d'autres stars (mis a part Testud et Torreton ayant peu d'apparition à l'écran), le casting trouve un ton frais et juste.
Mais la ou le film trouve sa véritable force, c'est dans son positionnement.
Qu'on se le dise "L'ordre et la morale" n'est ni pro indépendantisme kanak, ni pro gouvernement. Sa véritable interrogation se pose dès les premières minutes du film: comment en est on arrivé a tuer des Kanak pour liberer nos otages.
Ainsi le film ne s'éparpille pas. Il livre une enquête passionnante de bout en bout ou le fait divers se transforme en complot Chirac/Mitterand. En cela, il se rapproche moins du film de guerre que revendique l'affiche (et les quelques références que fait Kasso à Apocalypse Now) que du thriller politique qui était monnaie courante au Nouvel Hollywood des 70's.
Qu'on soit clair, personne ne pourrait affirmer decemment que le film est réaliste, mais ses personnages sonnent vrais.
J'en prend pour exemple le conflit Militaires/Gendarmes.
Dans "Green Zone" on trouvait quelque chose d'assez semblable avec l'US Army et les Delta Force directement sous les ordre de la CIA. Si les Delta sont considérés comme des fils de pute dénués de conscience du début à la fin chez Greengrass, chez Kasso, on tache d'humaniser les militaires, écartant pourtant très tot les possibilités diplomatiques de rendue des otages.
Même les Kanak passent pour des abrutis à bien des moments, ce qui était assez osé à faire.
Je ne sais pas si "L'ordre et la morale" me raconte la vérité comme il me le prétend au travers de la phrase finale, mais ca ne l'empèche pas d'en faire un film tout à fait respectable.
Du moins, plus que les Kasso précédents.