L'Orphelinat par Kroakkroqgar

Au sein du cinéma horrifique, ce sont probablement les films de fantôme qui demandent le plus de travail scénaristique. Et malgré la forme classique de l’oeuvre, Juan Antonio Bayona peut se targuer d’avoir fait preuve d’intelligence dans l’écriture de ‘El Orfanato’.

En fait, le film mesure minutieusement ses effets, et le scénario brouille les pistes avec virtuosité. La mention de Tomas, la visite de Benigna, la disparition de Simon, puis les révélations progressives : le déroulement du récit est savamment orchestré et le film est bien rythmé. D’ailleurs, le film fait encore preuve d’intelligence au sujet des exorcistes, notamment à travers la dispute entre dispute entre Carlos et sa femme et le trucage potentiel de la séquence de transe.

Mais la réussite du scénario, c’est d’avoir su appliquer les principes du fantastique et de proposer deux interprétations cohérentes : l’une surnaturelle, l’autre rationnelle. Et ce n’est que passé la dernière révélation que le spectateur peut remettre en question tout ce qu’il a vu jusque-là. Ne serait-ce pas Benigna qui a parlé de Tomas à Simon, ainsi que de son adoption ? Le jeu de piste final n’aurait-il pas été mis en place par Simon plusieurs mois plus tôt ? Les fantômes des orphelins que Laura ne seraient-ils pas seulement des projections de sa culpabilité subconsciente ? Non seulement le twist final est particulièrement marquant, mais l’intrigue passionne jusqu’à la fin. Eventuellement, on regrettera que le réalisateur en fasse un peu trop après la découverte de la cave avec un montage un peu lourd et un final un peu pompeux.

A côté de ça, la mise en scène est de qualité. Les acteurs sont convaincants, la photographie glaciale nous plonge dans l’ambiance du drame, les effets d’angoisse sont réussis sans être trop appuyés, et on retiendra surtout le plan séquence virtuose du 1, 2, 3 soleil.

Un excellent film d’angoisse.