L'Orphelinat par Rachel Hélène

La note maximum pour ce conte lugubre qui nous promène et nous égare pendant près de deux heures dans les tourments d'une mère qui va vivre le cauchemar que tout parent redoute, la disparition d'un enfant.
Le récit prend place dans un vieil orphelinat où l’héroïne, Laura, a passé son enfance et qu'elle a racheté avec son mari pour y vivre avec leur fils adoptif et conjointement en faire un institut pour les enfants malades.
A partir de là, nous entrons dans un univers dense et complexe, entre réalisme et onirisme, entre thriller psychologique et conte fantastique, un mélange qui pourrait sembler improbable mais qui ici fonctionne du tonnerre grâce à une mise en scène sobre et soignée, une esthétique morbide et poétique à la fois qui génère une atmosphère inquiétante devenant de plus en plus palpable au fur et à mesure que le sac de nœud se dénoue, sans compter la prestation déchirante de justesse de Belen Rueda.
Le rythme du film est relativement lent et pourtant on ne ressent aucune longueur, on suit Laura dans sa quête avec angoisse, on tente de comprendre avec elle, de rassembler les indices disséminés ça et là pour résoudre le mystère qui entoure cette demeure, comme elle on ne sait plus en qui, en quoi croire et on glisse inexorablement vers les ténèbres.
Ainsi, l'"Orphelinat" nous offre ce qui est à mon goût l'un des dénouement les plus bouleversants et inoubliables de l'histoire du cinéma, nous poignardant en plein cœur par une conclusion d'une noirceur absolue et dont l'évidence même nous laisse tétanisés d'effroi.
Juan Antonio Bayona réussit ici un coup de maître avec ce film d'ambiance original, inclassable, extrêmement bien ficelé et marquant comme une brûlure au fer rouge. C'est ce que j'appelle un chef-d’œuvre.