Critique N°314:" Il y a eu 72 alertes concernant le compte de Jérôme Kerviel"

Le cinéma français à le vent au poupe en cette année 2016, entre toutes les suites telles que Camping 3 ou Les Tuches 2*, on trouve pas mal de film indépendant dont celui dont nous allons parler aujourd'hui, **L'Outsider, un film de Christophe Barratier qui nous plonge dans l'histoire du trader Jérôme Kerviel qui a failli précipité la finance mondiale dans le néant. C'est un sujet osé puisque cette affaire n'est toujours par terminée et que le combat au tribunal qui oppose la Société Générale et Jérôme Kerviel continu encore aujourd'hui. Que retenir donc de ce film?

Pour commencer, je dirai que L'Outsider est un film qui fait mal. Ce film m'a fait mal, pas dans le sens physique bien entendu, mais dans le sens moral. Le film a le pouvoir de montrer le mauvais côté de ce monde. Ce n'est plus de la fiction, la finance contrôle ce monde et met son nez dans tous les dossiers chauds dans notre monde. Mais ce qui est tragique avec ce film c'est qu'elle montre le parcours d'un homme qui va connaître une véritable descente aux enfers: pour quelle raison? A cause de l'appât du gain. L'argent, l'argent toujours l'argent, c'est l'amour qui unie Kerviel et l'argent. Dès le début du film on sait qu'il n'y aura pas de retour en arrière, le personnage est piégé, pris dans les mailles du filet qui se resserrent un peu plus à chaque pari d'argent que Kerviel effectue. Le film s'inspire librement du livre de Jérôme Kerviel.

L'Outsider est un bon film, c'est un fait, mais c'est également une horreur pour les yeux. C'est en cela que le film fait fort. On ne ressort pas indifférent de la séance. Les acteurs jouent également un rôle important dans le drame qui se présente devant nos yeux. Il y avait 2 cas de figures qui se présentaient au réalisateur: soit il choisissait des acteurs connus, qui aurait amené le public en salle, ce qui aurait permis un bon rapport lucratif pour le film. Soit, la seconde option était de prendre des acteurs très peu connu et donc de passer par des longues semaines de casting. C'est donc le second choix que Chirstophe Barratier a choisi de prendre. La seule véritable tête d'affiche est François-Xavier Demaison. Un choix judicieux puisque l'acteur a d'abord été trader pendant longtemps avant de quitter un milieu qu'il jugeait malfamé. Cela se ressent à l'écran, Demaison semble être dans son élément et donne au film une tension dramatique, il est le personnage le plus intéressant de ce film. Il est le personnage auquel on peut le plus s'identifier, il est celui qui va découvrir en premier la face sombre du personnage de Kerviel et celui qui va tenter de l'arrêter.

Il y a également un gros travail de mise en scène pour ce film ce qui m'a étonné dans un sens car il n'y avait pas vraiment besoin. Pourtant, le travail est bien présent. Je ne parle pas d'effets spéciaux ou de grandes cascades, je parle de la manière dont les personnages sont filmés. Très souvent dans le film, il y a un phénomène d'échange. Un échange entre les ordinateurs et les traders. Un coup l'écran, un coup les yeux des acteurs et au fur et à mesure, on voit que les yeux des acteurs gonflés en même temps que les sommes d'argents augmentent. On sent la pression montée de cran en cran grâce à ce jeu de caméra très rapproché des acteurs. Ce phénomène se ressent bien évidemment plus quand le personnage de Kerviel est au centre de cet échange.

Bilan

L'Outsider est un bon film, qui nous plonge dans la folie d'un homme possédée par l'argent et son désir d'évoluer au plus vite dans la Société Générale. Aucun répit n'est donné aux spectateurs, Christophe Barratier ne tente pas de se faire l'avocat de Jérôme Kerviel, au contraire, il plonge son personnage dans un piège qui se referme de manière tordue sur lui. Un film dur à regarder car il montre la finance et sa domination sur le monde.