(Vu sur Arte) Lointaine époque (60 ans déjà) où ce film pouvait apparaître comme une révolution scandaleuse - comme si le cinéma avait rejoué, un siècle plus tard, son propre "procès Bovary". Il y a en effet de fortes affinités entre ce L'Avventura et le projet flaubertien : mêmes forces (pureté formelle) et faiblesses (tableau interminable de la bassesse morale et sexuelle d'une certaine bourgeoisie italienne).
A l'instar de ma critique récente sur Soudain l'été dernier (1959) de Mankievicz, il y a une partie du cinéma et de l'art de cette époque, axé autour du thème de la frustration sexuelle, dans cette période pré-68, dont le discours ne porte plus en moi. En effet, plus que la frustration sexuelle et existentielle de leurs personnages, on sent bien que ces réalisateurs (dans ces films en particulier) mettent davantage en scène leur propre frustration (voyeuriste) de ne pas pouvoir tout montrer, tout dire à travers l’œil de la caméra (les années 1960 vont constituer un tournant à cet égard, auquel Antonioni prendra sa part avec Blowup)...
Donc, pour conclure, à moins que vous soyez un formaliste forcené (et encore, on pourrait affirmer que le style Antonioni existait depuis bien longtemps du côté du cinéma japonais), vous trouverez comme moi ce film daté et trop long pour le peu qu'il a finalement à nous dire (montrer - quelle folle originalité! - les sentiments dévoyés et les turpitudes d'une élite économique et sociale décadente).