« L’avventura » marque l’apogée d’un art distancié, glacial, fuyant les excès de la dramatisation.Le tempo excessivement lent de la mise en scène, une prédilection pour les personnages en crise, le goût de l’introspection et de la confusion des sentiments le situent dans un courant, littéraire et cinématographique, qui relève de l’esthétique du désenchantement.Les héros d’Antonioni sont des névrosés, hantés par le spectre de l’échec, sentimental ou social.Pour beaucoup d’entre eux, la seule issue est le suicide.Aucun apitoiement chez le cinéaste pour ces êtres dépressifs ou blasés, mais un détachement hautain, un regard d’entomologiste.Techniquement très maitrisé, cela se traduit par une errance sans but, dans les paysages gris où la caméra s’enlise lentement.On ne se poil pas une seule seconde mais cette chronique peut émouvoir par ses divines lenteurs, ses béances, sa grisaille, sa morosité même.Cette quête d’un bonheur introuvable qui s’achève sur un pathétique constat d’échec fait d’une certaine façon penser sur le plan conceptuel au cinéma de John Huston, au demeurant et par bien des aspects beaucoup plus attachant.