Il est enfin là, sur l'écran, le fameux film maudit de Terry Gilliam et qu'importe s'il laisse plus que dubitatif, l'important est ailleurs dans les multiples péripéties de la vie d'une oeuvre sans cesse menacée de ne jamais pouvoir aboutir. L'homme qui tua Don Quichotte est un film foisonnant et épicé qui prend le prétexte du roman de Cervantes pour élargir son propos aux affres de la création. Il y a du spectacle avec ce Don qui ergote. Et du sang chaud et des idées folles. Des fulgurances qui émerveillent parfois mais aucune continuité dans une narration bancale où Gilliam convoque aussi bien l'Espagne du grand siècle que les exactions d'un oligarque russe caricatural et que le portrait d'un génie de la mise en scène dépassé par les événements et en plein doute créatif. L'homme qui tua Don Quichotte a des allures de fête foraine où l'on passe d'une attraction à une autre, au gré de digressions plus ou moins oniriques, fantaisistes ou sentimentales. Le plus ennuyeux est qu'on ne trouve pas beaucoup de poésie dans ce fatras débridé et hélas encore moins d'humour. Jonathan Pryce et Adam Driver livrent des performances très physiques mais leur jeu est limité par l'emphase et les boursouflures du récit. On souhaite à Terry Gilliam de tourner bien d'autres films, malgré l'âge qui avance, mais ce film ressemble à une sorte de testament, bourré d'énergie et de vitalité, sans doute, mais tellement éparpillés dans le vent que les moulins de son imagination semblent tourner à une allure effrénée sans moudre quoi que ce soit de substantiel.

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le 21 mai 2018

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