Oubliez très vite Les canons de Navarone sorti 17 ans plus tôt, l'association au projet tient ici lieu d'arnaque caractérisée et ce ne sont pas les efforts pathétiques du début pour nous faire croire que Gregory Peck s'est transformé en Robert Shaw qui vont y changer grand chose...

Non, ici, point de mer Egée, le commando va dans les Balkans à la fin de la seconde guerre mondiale et il est dirigé par un colonel américain beau comme un demi-dieu antique qui ne voit pas d'un très bon oeil le fait de se voir imposer une paire de vieux britons en mission parallèle, et je ne vous parle de Carl Weathers qui s'impose à la dernière minute, ça va être discret un black bougon dans la Yougoslavie occupée...

En 1978, Harrison a trente-six ans, il sort tout droit du succès de Star Wars et n'est pas encore la mégastar que les suites et les Indy feront très vite de lui. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'en jeune colonel inflexible, il dégage de la pornographie comme il respire. Je ne sais pas si c'est le col roulé, l'uniforme ou tout simplement cet âge merveilleux, mais il a rarement été aussi beau que dans ce film. Je parle uniquement de la plastique, bien sûr, parce que le rôle, qui doit partager la scène avec les vieux briscards est très loin de lui offrir de quoi utiliser tout cet immense potentiel érotique qui est un peu gâché ici.

Les vieux briscards, ce sont un Robert Shaw en fin de vie et un Edward Fox plus britannique que jamais, le choc des cultures est d'ailleurs assez savoureux pendant tout le film. On passe le film à se demander pourquoi Carl Weathers s'incruste au casting alors qu'il n'y a manifestement pas de rôle écrit pour lui, mais ce n'est pas très gênant. On notera agréablement que Michael Byrne joue déjà les méchants teutons anti-Harrison dix ans avant la dernière croisade, on se dit qu'avec sa tête, Franco Nero est mieux en traître potentiel qu'en héros taciturne et on se prend à compter les petites touches James Bondesques que Guy Hamilton laisse traîner un peu partout : Richard Kiel en géant toqué, un stylo explosif, Barbara Bach, un barrage qui ressemble à un QG de fin d'épisodes et j'en passe...

Malgré ses gros moyens, son casting de choc et ses effets spéciaux très spectaculaires réalisés proprement à partir de maquettes, le film connut un relatif insuccès à sa sortie. L'ouragan vient de Navarone signe donc un peu la fin du film de commando, très chouette sous-genre dont son illustre prédécesseur reste un des plus beaux fleurons.

Pourtant, avec une photographie réussie et des paysages superbes, cette balade parfois un peu maladroite mérite néanmoins largement le détour et se révèle parfaite pour occuper les longs après-midi dominicaux pendant le froid hivernal.

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le 17 févr. 2013

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Torpenn

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