La Bataille
5.9
La Bataille

Court-métrage de David Wark Griffith (1911)

Première partie


Insensiblement, cette armée invisible, ces bataillons microbiques, avançaient de l'Orient profond vers un Occident toujours insouciant tel le fléau de Dieu Attila rasant tout sur son passage ne laissant que morts et ruines. C'est d'ailleurs dans le berceau de cet Empire de l'Ouest, dans le ventre fécond de la civilisation Européenne que l'ennemi décida de faire son terrible nid.
L'Italie. L'éternelle Italie fut frappée de plein fouet par l'insidieux ennemi qui profita de son âme enjouée et de son hospitalité légendaire pour venir croquer le sein même de la mère de l'Europe.
La grande cathédrale de Milan n'y put rien, les immenses murs antiques de la Rome éternelle n'y purent rien également. L'envahisseur pénétrait défenses et remparts, églises et casernes, fauchant de sa faux virale les plus faibles d'entre tous. Les Hospitaliers Lombards furent submergés par l'afflux ininterrompu des blessés, mutilés et mourants tombés au front. Chirurgiens et apothicaires voyaient ces corps brulants de fièvre arriver en titubant au seuil de l'hospice et s'écrouler quelques heures plus tard pour ne se lever qu'une fois arrivés au Royaume d'Hadès. Les malheureux soignants ne purent contenir malades et moribonds qui s'entassaient aux coins des rues et dans les maisonnées pour vieillards. Tous mourraient. Tout semblait faner et dépérir à vue d'oeil. La mort venue de Chine avait fait sienne les rues de la vieille Italie et touchait de son doigt crochu la première personne qui croisait son chemin. Ses voisins, les contrées alliées, ses frères de sang même, comme la Francie, la regardait se recroqueviller sous les coups mortels de l'assaillant invisible sans lever le petit doigt. Les royaumes et républiques Italiennes dépérissaient dans l'indifférence générale. Venise même, la puissante république marchande, abandonnant soie, épices et or, laissait ses canaux aux dauphins et aux créatures de Neptune.
Au fil des jours, ce guerrier venu de l'Est, cette armée empoisonnée, après avoir détruits humains et espoirs dans le nord de la péninsule italique continua sa campagne mortifère, et tel un Napoléon microbique, envahit, sabre au clair, les nations d'Europe les unes après les autres. Les Ibères comme les Lombards virent fondre sur eux les troupes insaisissables de sa majesté Covid. Les cloches de la Mosquée-Cathédrale de Cordoue eurent beau sonner à tout rompre, la puissance de cette double religiosité, de cette superposition de croyances, ne parvinrent pas à faire reculer les troupes flottantes de l'empereur couronné. L'Espagne tomba. L'Empereur Covid, encore plus rapidement que Ferdinand le Catholique, termina sa Reconquista putride laissant Aragonais et Castillans dans le désarroi le plus complet.
L'Europe, notre vieille Europe, était assaillie de tout côtés. L'île Bretonne même se trouva submergée par les chevauchées mortelles des troupes de l'Empereur Covid. L'éternelle et détestable morgue Grande-Bretonne fut balayée en l'espace de quelques jours laissant Lords et Ladies éreintés, évanouis sur la petite table du thé de seize heures. Le clownesque Duc Boris de Johnson, rhéteur invétéré et fine lame intrépide, fut lui même blessé aux poumons par la lame acérée de l'Empereur en personne. Le Continent entier était sous l'emprise des armées du Covid, seul le Saint Empire Germanique tenait la dragée haute aux hordes extrême-orientale grâce à un sens de l'ordre hors du commun et au réalisme bien Germain de leur Reine Anguéla souveraine omnipotente des ailes Est du territoire Européen.


Après l'Extrême-Orient, les armées de l'Empereur Covid continuèrent leurs razzias toujours plus à l'Ouest jusqu'à toucher la pointe de la Bretagne Celtique et le bout de l'ancien monde connu: L'hirsute Lusitanie. Le grand Océan semblait être une barrière assez solide pour contenir ces troupes sanguinaires et freiner la conquête planétaire du virus couronné. Mais les oiseaux de fer, ces oiseaux de mauvais augures, continuaient de déplacer de contrées en contrées les humains infectés bien au chaud dans leur ventre d'airain permettant à l'armée invisible d'atteindre sans le moindre efforts, le sol béni des jeunes Amériques. Les états nouvellement unis régnaient sans partage depuis presque un siècle sur une planète qu'ils avaient eux-même mondialisée et qu'ils tenaient, d'une main de fer, par le biais d'une propagande savamment orchestrée. L'imbécile fatuité de ce jeune pays et son emprise sur un monde trop longtemps soumis à ses injonctions autoritaires devaient mener ce grand pays, trop sûr de lui, vers une catastrophe inévitable. Effectivement, ce nouveau pays entièrement acquis à la religion du capital et à la thésaurisation des ressources s'était choisi un président à son image. La plus grande démocratie du monde que nous vendait les thuriféraires à la solde de cette nation marchande avait vu naître à sa tête un homme étrange: Grand de taille, les épaules solides et le cheveu abondant d'un jaune inédit, l'homme avait fait fortune dans la promotion immobilière et l' investissement financier frénétique. Grand bourgeois à la coiffe étonnante tour à tour saltimbanque cathodique, girouette politique et empereur irresponsable de la moitié du monde, le parvenu à la perruque d'or n'avait pas fait cas de l’avancée foudroyante et inexorable des armées de l'Empereur couronné. Sûr de sa force, de la puissance de son armée et du fanatisme capitaliste et religieux de ses chers "Rednecks", l'iconoclaste Président Trump se riait de cette armée venue d'Orient et voyait déjà les contrats aux forts taux d'usure qu'il pourrait imposer à une vieille Europe à genoux. C'est pourtant sur ses terres natales, comme un fait exprès, sur les rives immenses de la Nouvelle-Amsterdam, devenue bêtement New-York, que le terrible Empereur Covid posa son pied sur le sable mouillé tel le vaillant Christophe Colomb quelques années avant lui.
L'Empereur à la couronne n'eut qu'à se baisser pour ramasser les âmes bien trop naïves des Américains de l'Est. Les armées virales fauchèrent New-York, explosant murailles de verres et remparts qui grattaient le ciel en seulement quelques jours. Le coeur de la jeune Amérique était touché, il ne restait plus au tyran Covid qu'à laisser faire la bêtise et l'insoumission viscérale des peuplades du Milieu, ces contrées perdues, consanguines et surarmées pour terminer sa conquête pleine et entière du Nord des Amériques.


Après à peine quelques mois de guerre, l'Empereur et ses troupes avaient quasiment conquis l'ensemble du monde connu. Les cinq continents n'avaient pas résisté aux avancées belliqueuses du Covid couronné. Les nations occupées essayèrent tant bien que mal de contenir ces armées microbiennes en promulguant édits et décrets visant à circonscrire au plus vite cet envahissement inéluctable. Les nombreuses contrées du monde connu prises de court par ce blitzkrieg épidémiologique réagirent de manière isolée et désordonnée permettant à l'Empereur de planter profondément ses griffes dans les différentes chairs nationales. Les peuples étaient sommés d'abdiquer face à la puissance des armées du Covid. Les royaumes avaient édictés le confinement obligatoire pour tous dans une sorte de collaboration tacite avec l'Empereur. Seuls les chevaliers Hospitaliers luttaient encore contre la domination absolue du nouvel occupant. Les Hospitaliers, mais pas que..! Les serfs, les gens de rien, les petites mains, rugueuses et sales continuaient de s'agiter, de fabriquer, de faire pousser. Elles produisaient, réparaient, vendaient et permettaient au royaume de subsister tandis que les autres sujets étaient pieds et poings liés dans leur humble maisonnée attendant, anxieux, le futur et probable saccage de leur huis par les armées couronnées. Tandis que ces gens de rien comme notre bon roi aimait à les appeler, prenaient tous les risques face à l'envahisseur, le bourgeois des cités était confiné chez lui entre sa famille et sa bouteille de rouge. Serfs et chevaliers de l'Hospital tenaient les rênes du royaume avec le courage que nobles, juristes et autres gens de guerre n'étaient pas en mesure d'assurer. Les nobliaux ne sortaient plus, confinés dans manoirs et ministères, et donnaient leurs ordres par missives ou dans les journaux du matin, ordonnant à un tel ou un tel de cesser ou de reprendre leur activité respective. Le pays était à l'arrêt. L'état; le roi et ses ministres ne parvenaient plus à trouver une sortie, une ligne directrice claire pour sortir de cette invasion virale. Le royaume tanguait de toutes parts, allant de Charybde en Scylla au fil de ces jours maudits. Macronus le Jeune avait réuni autour de lui, dans la plus grande précipitation, un conseil dit scientifique avec les plus grands savants du pays. Ces dizaines de sachants tenaient table ouverte au château de l’Élysée et naviguaient d'expectatives en plans sur la comète pour détourner l'Empereur Covid de sa course folle. Malgré les nombreuses alertes des ambassadeurs, des voyageurs de commerce de retour au bercail annonçant qu'une drôle d'armée venue d'Orient semait le chaos et la mort sur son passage, les pays d'Occident - leurs gouvernants ! - n'avaient pas pris les menaces aux sérieux, souhaitant continuer cette longue période de paix ininterrompue laissant ainsi, par inconséquence ou par bêtise, les ennemis prendre possession du territoire national. Pourtant, les signaux venus de l'Est étaient nombreux et ne dataient pas d'hier.


À suivre ...

Ze_Big_Nowhere
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le 20 oct. 2020

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Ze Big Nowhere

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