C'est un western qui ne manque pas d'ambitions, le réalisateur ayant voulu éviter les conventions du genre, avec un scénario plutôt original, à mi-chemin entre la bonne vieille série B d'antan et le western psychologique qui fleurissait souvent dans les années 60. Le propos anti-raciste et anticonformiste n'est pas la moindre qualité de ce film qui voit une héroïne blonde quitter son mari pour aller retrouver dans une tribu apache le bébé qu'elle a eu avec le chef Chata ; le guide incarné par James Garner porte à sa ceinture le scalp de sa femme indienne violée et tuée par un Blanc, un Noir trafiquant se révèle plus fin stratège que les soldats qu'il convoie, et enfin les Apaches attaquent les caravanes de vivres parce que le gouvernement US les a parqués dans une réserve où leur seule issue est une mort infâme.
Voici de bien belles intentions pour un western bien ficelé qui n'oublie pas l'action (bonne séquence lorsque les héros sont coincés dans le canyon Diablo et encerclés par les Apaches). Le résultat est cependant inégal et laisse une petite impression d'insatisfaction, car même si Ralph Nelson maîtrise bien sa mise en scène, il ne parvient que rarement à donner à ses personnages une véritable épaisseur, tout en n'insistant pas sur les qualités anticonformistes qu'il expose. C'est sans doute dommage, mais les acteurs rattrapent un peu ce manque, James Garner est le héros humaniste, Sidney Poitier est le Noir malin, Bill Travers le militaire résolu, Dennis Weaver le Blanc raciste, et Bibi Andersson échappée des films de Bergman, laisse parler son amour maternel. Un western pas honteux, au ton original, mais pas mémorable non plus.
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