Attention, cet avis comporte ce genre de spoilers;
Il n'y a qu'au cinéma que les "vieux" couples se rabibochent. Dans la vraie vie, on change de partenaire pour un.e plus jeune, surtout quand on est un homme. N'est-ce pas Monsieur Auteuil?
C'est toujours mieux avant.
Victor, vieux ronchon n'a pas netflix. Il ne comprend pas ce que c'est et il s'en fiche. Sa femme, elle, reste connectée à l'époque et finit par se désabonner de son mari en le mettant à la porte. Pour lui, c'est l'occasion de raser sa barbe et de tester un "larp", un jeu de rôle personnalisé pour gens zézés qui le fera renouer avec l'époque des jours heureux quand il était jeune, amoureux, quand Alain Poher était président par intérim et qu'il y avait encore des oeufs sur le zinc des bistrots enfumés.
L'époque était trop belle.
Comment ne pas tomber dès les premières minutes sous le charme de la belle époque? Le concept est original, les dialogues percutants, l'image fétichisée. Au début, on aime même ses défauts, quand le réal abuse du cut avec continuation d'une phrase d'un décor à un autre. Car à ce niveau là, ce n'est plus une facilité d'écriture: c'est un jeu d'ellipses purement cinématographique qui produit un rythme endiablé. Un point d'orgue est atteint quand Margot qui n'est jamais Marianne fait face à Victor mais enfonce son regard dans le reflet d'un miroir sans tain pour y fusiller Antoine des yeux. On se prend à rêver des prochaines 80 minutes passées en compagnie du film, d'une mise en abyme vaudevillesque, subtile et vertigineuse, à double fond, triple, quadruple, où les 2 histoires intimes se refléteraient et se confondraient entre scène et coulisses, entre "passé" et présent, entre improvisations et script dicté à l'oreillette, entre erreurs répétées d'une époque à une autre, d'une génération à l'autre...Mais Bedos n'est pas Resnais et j'ai trop d'imagination.
Dès le début, on se doute que le jeu de rôle est un moyen
pour Victor de retrouver l'amour Marianne et pour Antoine, celui de Margot
...et malheureusement,
c'est ce qui arrive, platement, sans rebondissement ni malice
. Le réal ne fait pas dérailler sa trop lourde machine et laisse le personnage de Canet garder le contrôle sur son petit monde. Finalement la fascination pour les décors l'emporte sur les jeux de montage. D'abord original, le film glisse vers la consensualité d'un mélodrame déjà vu.
Déjà vu mais pas avec ce casting là: Ardant et Tillier, flamboyantes et débordantes de vie, Auteil, tendre et Canet, fragile. Ce plan à 4 vaut bien le détour.