Mais à qui s'adresse cette version fantastique de "La Belle et la Bête" ? Trop léger dans le récit et bien trop faux dans le rendu visuel pour fasciner au-delà des regards enfantins. Mais pourtant extrêmement ambitieux dans le travail d'effets-spéciaux et le spectaculaire. Une réalisation qui pouvait laisser présager un film à visée tout publique. Il n'en résulte qu'une fable enfantine bien crue et violente pour s'adresser avec justesse à la jeunesse.
Le choix de la narration nous place dans la position de l'auditeur. Ainsi le récit fait par Belle contant son histoire à ses enfants nous positionne comme tel. Dès les premières secondes, le film part sur un problème d'adresse. A l'attention de jeunes oreilles, à l'intention d'yeux aguerris (quoique). L'adaptation prend des libertés intéressantes ou y apporte des éléments esquivés auparavant mais les traitent trop furtivement. Malgré les presque deux heures de film, le récit est hâtif et frivole. Les raccourcis sont un peut sots.
La bêtise des sœurs est d'un grand enfantillage, la relation des frères est au contraire beaucoup plus sincère. La désinvolture de la belle Léa Seydoux apportent en revanche des touches de légèreté assez séduisantes. La musique aussi est plutôt plaisante dans sa douceur et son côté conventionnel. Toute cette légèreté est plus un manque qu'une sobriété. Choix qui fait jouer le conte sur sa corde niaise comme dans le dessin-animé de Walt Disney. Compte tenu des moyens donnés à ce film c'est bien regrettable, surtout en échos à l'innovation technique disponible.
Après tout, une mise au goût du jour de ce classique n'est au départ pas une aberration. Le fait est que la modernisation semble être la seule ambition de la version de Christophe Gans. L'abus d'image de synthèse ne laisse aucune place à l'authenticité. La technologie déborde sur la rêverie. A travers les décors ont voient le fond vert, sur la tête de la Bête ce voit le dessin informatique.
Encore plus que dans le scénario bâclé l'image sonne faux. La vivacité du roi solitaire, la prise de vie de la forêt sont à la limite du ridicule.
Si le casting se défend sur ce point de la justesse dans l'ensemble, la scène de la taverne n'est pas non plus glorieuse au niveau du jeu. Le travail sur la voix fait par Cassel est un peu surfait mais plutôt nécessaire et dans le ton du récit. Le rôle a beau lui aller à merveille, l'insupportable Audrey Lamy en fait encore des caisses et ça agace. Pour le reste du casting féminin, il est particulièrement bien mis en valeurs. Elle sont toutes jolies à voir, Belle en particuliers. Léa Seydoux est égale à elle même, il y a néanmoins comme une décontraction plaisante à lui découvrir dans son personnage. La prophète dégage une juste beauté mystérieuse, la princesse aussi est d'un charme rare. C'est aussi grâce à des costumes très soignés que ces acteurs sont embellis. Des couleurs vives, de belles tenues. Si les effets visuels sont absolument pas convaincants, la photographie pure possède un certain esthétisme. Mention à la scène de chasse de la biche dorée. Son aboutissement est attendu mais bien amené et surtout une image magnifique. Ce passage à lui seul suffirait d'ailleurs à soulever l’interrogation du destinataire de ce film. Au milieu d'un récit enfantin cette poursuite finie violemment et puise aussi sa beauté dans un érotisme un peu poussé.
"La Belle et la Bête" version 2014 est allé chercher une inspiration plus ou moins évident dans "Le Seigneur des Anneaux". Les géants de pierre, les petites bêtes qui couinent auraient leur place dans la terre du milieu. Pour ce qui est du spectacle la fin est un peu plus tenue, justement dans l'allure des combats, proche de la saga de Peter Jackson. Mais dans cet exercice, Christophe Gans et son équipe restent très loin du niveau atteint par le réalisateur néo-zélandais.
La version fantastique de "La Belle et la Bête" accouche d'un conte pour enfant un peu vain et niais dans la réécriture et trop ambitieux dans le visuel très artificiel et brut. Cette adaptation peut finalement trouver un publique comblé. Si on doit le comparer à une saga, ce film ravira probablement bien plus les friands de Twilight que ceux de l'univers Tolkien.
adamkesher01
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le 23 févr. 2014

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Adam Kesher

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