Cette critique commencera par ces quatre mots magiques : Il était une fois...

Si aujourd'hui, on apprécie de voir les princesses devenir guerrières et rebelles face à l'autorité de leur royaux parents, il fut un temps où les princesses étaient délicieusement naïves.

Ici, avec La belle et la bête, Jean Cocteau nous propose une lecture personnelle et enchanteresse de ce conte populaire si célèbre, publié pour la première fois en 1740 par l'auteure Gabrielle-Suzanne Barbot de Villeneuve.

Visuellement, le film est beau, et l'inventivité intarissable de Jean Cocteau fait mouche. Des décors somptueux, alliant atmosphère surréaliste et touche Renaissance française, couplés à une esthétique vestimentaire lêchée : robes, parures, rien ne manque, et on peut applaudir des deux mains le travail de Antonio Castillo et Marcel Escoffier pour avoir habillé et déguisé de manière crédible 'la bête', ce qui n'était pas forcément un pari gagné d'avance.
Le style est iconique, et l'on peut voir que les studios Disney s'en sont inspirés pour livrer leur propre interprétation du conte, grand bien leur fasse !

Le film est porté par une grâce certaine, la beauté et l'élégance de Josette Day (Belle) en font à ce jour la plus belle des Belle portée au cinéma, celle-ci accompagnée de Jean Marais, tantôt bellâtre véreux pas méchant, ou bête à sentiments crainte de tous.
Les acteurs secondaires ne sont pas laissés au second plan, et les deux sœurs Félicie et Adélaïde sont tellement mauvaises (moralement) qu'elles en deviennent drôles et sympathiques.

Voilà une oeuvre française qui a très bien vieillie, les 96 minutes passent vite, et on en ressort avec l'impression d'avoir voyagé dans le temps et d'avoir revisité un rêve enchanté d'enfance.

Dommage cependant que la fin soit si convenue, alors que l'esprit fantasque de Cocteau, présent tout le long du film, laissait présager un dénouement un peu plus atypique. C'est là le seul défaut de ce La belle et la bête.
Un petit défaut pour un grand chef-d'œuvre.