La Belle et la Bête par Benjicoq

C'est long.
L'histoire que Gans veut nous conter est "un retour aux sources" , une adaptation du conte originel, avec un prologue, et toute une histoire avant la rencontre. Le film met du coup des plombes à démarrer, avec une histoire de bandits qui pourchassent le frère de Belle, dont on se fout complètement. On nous raconte aussi toute l"histoire de la bête (dans des flash backs maladroits en plus) , son ancienne femme, l"histoire de la malédiction... Et parallèlement à ça, la partie la plus intéressante théoriquement du film, la rencontre entre la Belle et la Bête du titre, la façon dont ils s'apprivoisent puis tombent amoureux est traitée par dessus la jambe, en 2 scènes, au mépris de toute vraisemblance (la belle passe du dégout à l'amour transi en 2 secondes). On nous présente des tas de personnages (les frères, les soeurs, les espèces de chiens de chasse-kawai, et on n'en fait paradoxalement rien. Des tas de scènes de remplissage, et il ne reste presque rien pour le gros de l'histoire. Le scénario est vraiment un cauchemar. Les dialogues, les enchainements de scènes, les choses qui sont affirmées mais jamais vécues (l'amour de Belle pour la bête qui sort d'un chapeau, les animaux "meilleurs amis" alors qu'on ne les voit jamais interagir... ce genre de choses) . On s'ennuie énormément.

Ce n'est adapté à aucun public.
Gans nous dit que ce film est une version pour les enfants. Les personnages "rigolos" (les soeurs de Belle, tout droit sorties de Cendrillon, les chiots magiques) sont là pour eux. mais les scènes de presque-sexe entre le prince et la princesse, les moments où la Bête renifle Belle pendant son sommeil, les diners très effrayants, la chasse au sanglier, le massacre de la biche... Tout ça est pour les grands, quand même (les mamans devant moi ont regretté leur après midi, les petits avaient l'air désemparés). Le mélange des scènes de "comique" (lourdingue au possible) s'enchainent très très mal aux autres scènes, soit épiques, soit se prenant très au sérieux.

C'est laid.
La direction artistique est vraiment à chier. y'a des sous mis en jeu, c'est clair (1 robe par jour pour belle, toutes plus grosses, voyantes, ridicules et laides les unes que les autres), des décors très très ouvragés (on est au de la du baroque et du rococo , c'est juste étouffant ...) qui n'ont aucune cohérence de style (on passe d'une bâtisse très clairement type manoir anglais à un truc gothique complètement barré, en passant par la jungle et la forêt tropicale à coté d'une forêt type europe du moyen âge... la ville semble venir du 17eme, alors que le manoir fait clairement 19eme... l'effet patchwork/empilement est très désagréable. Et je trouve le tout d'un gout parfaitement douteux.

C'est très mal joué.
Gans est un directeur d'acteurs calamiteux. Il a toujours été pour choisir les prises les plus mal jouées, tout ce qui compte pour lui, c'est le style visuel, le "cool", le plan qui fait badass. Du coup, même des acteurs bons partout ailleurs ou presque (Cassel, Seydoux, Dussolier) jouent ici n'importe comment. il n'y a aucune alchimie entre les 2 personnages principaux, c'est très problématique. Les seconds rôles sont eux du domaine du nanar. Personne ne joue sur le même registre. Les deux soeurs jouent comme dans Scènes de ménage (coucou Alexandra Lamy), Eduardo Noriega a du apprendre son texte en phonétique (pour être malgré tout doublé au montage final par un acteur français visiblement en manque d'heures de boulot pour son statut d'intermittent du spectacle) et joue le méchant comme dans un film de cape et d'épées. Les frères semblent découvrir leur texte au moment de la scène... Rien ne va ensemble comme indépendemment. Et ces dialogues. rhololo.

C'est cher mais en même temps c'est raté techniquement.
Le film a couté une fortune, et tout est passé dans le visuel. il y a clairement une grosse ambition derrière tout ça (un des rares points positifs). Mais le problème, c'est que tout pue le fond vert mal intégré, les effets numériques à pas cher (ces hautes herbes numériques qu'on trouve dans quasiment toutes les scènes d'extérieur ! laid, et vraiment dérangeant, on ne voit que ça. Les ronces numériques, pareil. le tout donne au film une allure de cinématique de jeu vidéo japonais tendance baroque-kitsch, les couleurs dégoulinent....Et le directeur de la photo est un vrai porc, l'éclairage appliqué a tout ça (numériquement, ou devant la caméra) rend le tout complètement artificiel, alors qu'un semblant d'éclairage naturel aurait rendu le tout vraiment plus beau...

N'y allez pas c'est une merde <3