La première chose qui frappe devant cette nouvelle réinterprétation du conte est le soin méticuleux apporté à la direction artistique.
Il s'agit en effet d'une combinaison appréciable entre effets spéciaux sur fonds verts, mais aussi beaucoup de décors tangibles sans couvertures numériques (escaliers en proie aux ronces, fleurs poussant en myriades…). L'équipe a en outre avoué s'être inspirée des productions de Miyazaki pour créer ces nuances chatoyantes de tons et de couleurs, pour un rendu du plus bel effet.
Et pour ce qui est des costumes, de la mise en scène et même de la musique, le rendu fluide et esthétique témoigne d'un travail de qualité.
De surcroît, l'on constate une bonne touche d'heroic fantasy dans l'environnement du long-métrage: domaine enchanteur, géants de pierre, ronces vivantes, malédictions divines, prophéties… Autant de marques du fantastique moderne mais qui, heureusement, ne dénature pas à cohérence du conte.

Concernant le scénario ce "Belle et la Bête", un premier élément vient en faveur du film:
Chose rare dans les productions modernes, l'histoire prend vraiment le temps de se mettre en place; narrée lentement à la façon d'un conte de fée pour enfants (ce qui est -en fait- littéralement le cas). Ce choix de narration est une bouffée d'air frais dans un contexte si propice aux grosses productions qui vont à 300/h pour ne surtout pas ennuyer leur auditoire, au détriment d'une histoire cohérente.
Toutefois, le film de Christophe Gans n'est pas exempt de défauts sur ce point; lorsque la relation entre les deux héros vire assez brutalement du mépris à la romance, par exemple.

A ce sujet, on décèle avec joie l'empreinte du réalisateur du "Pacte des loups", chef d'œuvre de l'historique et de l'ésotérisme à la française. Bien que la Belle et la Bête ne suive pas le même registre d'épouvante, on retrouve bien là le cœur fantastique -un brin sombre- et l'enchainement logique de péripéties dus au talent de Christophe Gans.

Il n'est d'ailleurs pas anodin de remarquer qu'en dépit de leurs publics très différents, ces deux films ont pour même centre d'intrigue une "bête"… Sorte de fantasmagorie inconnue, crainte des hommes véreux mais à contrario défendue par ceux qui ont un cœur pur.

Ce prince maudit ne suscite en revanche pas le même effroi que d'autres adaptations du conte éponyme (y compris même la version de Disney). Car il est vrai que la Bête tient ici plus du gros chat, ou lion au pelage gris, que d'un monstre à fourrure aux crocs jaillissant de ses babines; et n'est pas donc pas à proprement parler effrayant.
Néanmoins, la façon dont sont orchestrées ses premières apparitions et ses moments de colère retranscrivent bien l'ambivalence entre monstre enragé et individu au cœur brisé.
De plus, les origines de la Bête sont dévoilées au moyen de flash-back progressifs, qui encore une fois ne risquent pas de perdre l'auditoire -aussi jeune soit-il- , et ne s'écarte pas d'une ligne de pertinence par rapport au conte pour enfants.

Concernant le volet casting, plusieurs choses sont à noter:
Léa Seydoux, dont le charme (et les formes généreuses) ne sont plus à prouver, tranche toutefois parmi les personnages du film: trop éclatante de beauté et de vertu pour nous faire croire une seule seconde qu'elle serait un personnage anodin. Cela n'affecte pourtant pas son rôle de Belle, dont la beauté et l'altruisme sont après tout le cœur du personnage.
Rien à dire sur Vincent Cassel, à qui la figure du monarque égoïste puis solitaire et torturé va comme un gant. En revanche, un chouïa de déception pour André Dussolier; invité de marque pour ce film mais qui décrédibilise trop souvent son rôle de paternel, tant plusieurs de ses répliques sonnent faux.

Qu'on se le dise, le gros point fort de la Belle et la Bête est son ambiance visuelle, très travaillée et on ne peut que féliciter ce gros effort technique pour un genre encore trop peu répandu dans l'hexagone.
Outre cela, le film puise dans les registre du mignon, du féérique, de l'aventure, de l'historique et bien sûr de la romance; avec quelque fausse notes pour les dialogues et les péripéties, et une pincée d'humour plutôt enfantin il faut le dire.

Globalement, une belle fresque du merveilleux et du fantastique à la française, et pour absolument tout public de surcroît.
GeffGrn
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 24 févr. 2014

Critique lue 370 fois

2 j'aime

4 commentaires

Calme Ignition

Écrit par

Critique lue 370 fois

2
4

D'autres avis sur La Belle et la Bête

La Belle et la Bête
Krokodebil
6

La Belle et ses boobs.

Pardonnez-moi ce titre franchouillard, mais ce film est quand même un festival de nibards. Ceux de Léa Seydoux, parente du tout puissant Jerôme Seydoux qui coproduit et distribue ce luxueux film...

le 22 févr. 2014

67 j'aime

9

La Belle et la Bête
Tanja
6

Très beau mais...

Visuellement ce film est magnifique. Je suis totalement cliente de cette débauche de détails, de décors féeriques et de costumes ostentatoires. Rarement on a vu un film français aussi fouillé. Le...

le 12 févr. 2014

53 j'aime

7

La Belle et la Bête
Kalimera
5

Un film pour un autre

Ce matin comme tout les mardis matin, j'ai sacrifié au petit rituel qui me permet de voir mes parents et prendre de leurs nouvelles autour d'un petit café. C'est salvateur ! Moins de conflits, de...

le 25 févr. 2014

49 j'aime

12

Du même critique

World War Z
GeffGrn
5

ZTT: le Zombie Tout Terrain

Connaissez vous la différence entre les zombies qui courent et les zombies qui marchent ? Pour ceux qui l'ignorent, la nuance est loin d'être négligeable pour les grands amateurs de ce genre de film;...

le 3 juil. 2013

25 j'aime

4

Castlevania: Symphony of the Night
GeffGrn
7

L'Epique selon Castlevania

Avant de détailler ce choix de 7 étoiles, commençons par les points qui ont tout de même fait de ce jeu une oeuvre culte: Alucard est le personnage le plus charismatique de la série, le demi vampire...

le 16 juin 2013

18 j'aime

5

Man of Steel
GeffGrn
8

Le Dieu d'Acier

Vous pensez tenir LA grosse production de 2013, voir peut être le blockbuster le plus impressionant de l'histoire ? Vous avez raison. Et de loin, car ce nouveau Superman est une pure claque dans la...

le 18 juin 2013

17 j'aime