Un scénario léger mais une aventure visuellement impressionnante et réussie!
Cette relecture du compte de la Belle et la Bête par Christophe Gans s'avère être une aventure visuellement impressionnante et réussie, démonstrative d'un énorme potentiel dans le cinéma français. Le scénario quant à lui, demeure léger, sans grandes envolées, mais correct.
66 ans après la version en noir & blanc de Jean Cocteau et 23 ans après le dessin animé de Disney, Christophe Gans prend le défi de nous livrer une nouvelle version du conte de "la Belle et la Bête", qu'il réalise et co-écrit avec Sandra Vo-Anh. Si l'histoire est désormais connue de tous, c'est du côté de sa présentation à l'image que Gans décide d'apporter quelque chose de nouveau. Le résultat est époustouflant et réussi : rarement un film français aura autant démontré son potentiel et son savoir-faire au niveau des images et des effets spéciaux que cette relecture de "La Belle et la Bête".
La magie du conte se retrouve dans la beauté des décors, des effets spéciaux, des costumes et principalement de la photographie en général. On aurait également tendance à oublier la musique composée par Pierre Adenot, qui apporte également beaucoup à la construction des ambiances et d'une certaine féérie autour de cette aventure visuelle. Le résultat a beau avoir un côté américanisé dans son approche, "La Belle et la Bête" n'a cependant rien à envier des blockbusters hollywoodiens tant l'équipe du film fait preuve d'une excellente maîtrise des matériaux techniques mis à leur disposition.
Si les images et la photographie prennent de grandes envolées et nous plongent dans un rêve à certains moments du film, on ne peut malheureusement pas en dire autant de l'histoire, qui reste très classique et assez légère dans son ensemble. Le scénario n'est pas mauvais en soi, il même bien construit au niveau des différentes scènes, c'est surtout que Christophe Gans n'en profite pas pour insuffler au récit quelques élans d'inventivité ainsi que de puissance dramatique ou émotionnelle comme le font les images du film. L'histoire reste assez légère dans son approche et Gans ne rentre pas à fond dans la complexité de la relation entre la Belle et la Bête, pas plus qu'il n'explore suffisamment les deux personnages en amont pour mieux toucher ses spectateurs lors de scènes fatidiques.
De plus, le film n'échappe pas au gros défaut de la plupart des films français, à savoir cet impitoyable attrait à ajouter de l'humour niais là où il n'en faut pas, dans certaines scènes ou par le biais de certains personnages secondaires à peine caractérisés. L'histoire d'amour de "La Belle et la Bête", quoiqu'étant un conte destiné aux enfants, est à la base un récit dramaturgiquement sérieux et intelligent qui nécessite une construction particulièrement solide, à commencer par une présentation correcte des personnages du film et de leur entourage. Le problème de la version de Christophe Gans, c'est que les personnages principaux de la Belle et de la Bête, qui constituent la partie sérieuse du film, ne sont pas en adéquation avec l'ensemble des personnages secondaires, lesquels tiennent plus le rôle de bouffons ou passent pour des personnages anectodiques tant ils manquent de profondeur au niveau de l'écriture, mais aussi du jeu des acteurs. Dès lors, le résultat final, qui se veut sérieux tout en nous offrant un peu d'humour, manque de cohérence avec lui-même.
Toutefois, les défauts de "La Belle et la Bête" ne sont pas majeurs et tout enfant y trouvera son compte en plongeant dans l'univers magnifique du film et dans le décor du château de la Bête et de ses alentours, un lieu à la fois inquiétant et envoûtant, menaçant et beau, mais surtout un lieu où la magie du récit s'opère ! Après "La Vie d'Adèle", Léa Seydoux efface son image de garçon manqué au cheveux bleus pour enfiler les robes et les parures de la ravissante Belle. Quant à Vincent Cassel, l'acteur se montre à la hauteur du rôle de cette Bête fauve et solitaire, à la fois cruelle et maudite. Les effets spéciaux font bien entendu le reste...
Au final, "La Belle et la Bête" est une bonne surprise et, même si le scénario ne suit pas les grandes envolées visuelles, le spectateur n'aura pas le temps de s'ennuyer face à cette effervescence d'images et de sons magiques et spectaculaires, démonstrative d'un énorme potentiel français qu'il faudrait à l'avenir penser à exploiter...
