Loin du conte de fées...La Belle et la meute #cinexperience41

Une seule pensée m'a traversée l'esprit quelques minutes avant la fin de la séance tant j'étais submergée par des émotions (révolte, peur, fatigue psychique, mépris, dégoût...) : j'ai eu peur que le film soit inspiré d'une histoire vraie. Quand les quelques phrases de clôtures sont apparues sur l'écran j'ai eu envie de pleurer.

Mariam Ferjani, l'actrice principale, est éblouissante : elle incarne tellement bien le personnage qu'elle joue, qu'elle semble réellement avoir vécu les faits et fait oublier au spectateur qu'il est face à un écran. Son excellent jeu donne ainsi encore plus de poids au message acerbe que cherche à faire passer le réalisateur. Le spectateur n'est plus le simple spectateur d'un film, il devient un témoin des faits et se sent ainsi engagé auprès de Miriam dans son combat contre l'infamie. Ce film donne l'envie de se battre contre cette ignominie qu'est le viol, il dégoute au point de nous donner l'énergie afin de tout faire pour que cette histoire, malheureusement pas anecdotique, ne se répète plus jamais. Je considère cette oeuvre comme un cri, une alerte, un appel au secours. Ce film devrait presque être considéré comme un documentaire, d'ailleurs l'actrice principale, présente lors de la projection à laquelle j'ai assistée, souhaiterait que ce film soit projeté dans tous les collèges et lycée afin de de sensibiliser les jeunes au traumatisme, à la souffrance et au déshonneur causés par un viol et afin de former les futurs parents (notamment les mères) à ne pas transmettre même inconsciemment des pensées qui peuvent conduire à des perpétuer des conduites machistes.
En plus de la qualité d'interprétation des acteurs et du synopsis, j'ai vraiment apprécié les choix de cadres de certaines scènes notamment celle où

et la scène finale dans laquelle

. L'organisation en "chapitres", coupant des séquences à leur paroxysme permet de maintenir une tension et nous tient en alerte, face à un danger omniprésent et croissant. À chaque étape, la situation se complexifie, plongeant Miriam dans un abîme toujours plus profond, donnant l'impression que le piège se referme sur elle sans issue possible face à cette meute de loups enragés.
En outre, j'ai beaucoup aimé la mise en avant du rôle des réseaux sociaux, vu comme moyen de s'exprimer face à la censure (Youssef veut poster la vidéo récupérée des caméras de surveillance sur Facebook), mais aussi comme un réflexe dangereux (selfie de soirée posté en direct pour montrer à ses amis où on est et ce qu'on fait), rappelant que l'on vit dans une société saturée d'images qui nous incite à tout photographier ou filmer même l'inhumain (comme c'est le cas avec la vidéo du viol).

Je conseille vivement ce film magnifique et bouleversant et remercie @Senscritique pour cette belle inexpérience !