J'ai du mal à regarder "La Belle et le Clochard".
Déjà, le doublage VF récent (surtout Clochard) est dé-gueu-lasse, surtout sur la version DVD. Il ne s'agit pas juste d'un avis nostalgique, c'est vraiment... plat, il manque des bruitages, il n'y a aucune émotion...
Si je regarde tous les Disney récents en VO, je suis toujours attachée à la VF pour les plus anciens (de Blanche-Neige jusque Tarzan), et ça me fait de la peine de devoir passer en anglais certains films, mais l'alternative serait de ne juste pas les regarder.
Ce qui ne serait pas une mauvaise chose dans le cas de "La Belle et le Clochard", parce que dès que je vois ce film, j'ai envie... d'adopter un chien. Un cocker, un husky, un malamute, un basset hound, un beagle... Un projet sur l'avenir qui ne convient pas dans ma situation actuelle, autant pour moi que la pauvre bête. Mais un jour, un jour...
"La Belle et le Clochard" se regarde comme un hommage vibrant à ces nobles et fidèles animaux, et le film ne s'en cache pas, avec un texte d'ouverture explicitant clairement cette attention et cette intention.
Effectivement, malgré les chiens qui parlent, toutes les situations se montrent d'une grande crédibilité dans les comportements et les réflexions canines. L'adoption, la première nuit, les routines de promenade, l'arrivée d'un enfant dans la vie de famille, l'hostilité d'un proche, la fuite et la désorientation... Une vraie vie de chien.
Au-delà de l'aspect mignon pour les 3/4 de la population mondiale (moi comprise bien sûr) qui fondent à la vue d'une de ces nobles créatures, "La Belle et le Clochard" met en scène la difficulté classique de l'amour entre deux classes sociales très éloignées l'une de l'autre en apparence, et qui pourtant se trouvent beaucoup de points communs, "à la Titanic".
Il n'y a rien de particulièrement révolutionnaire ou subtil dans cette approche, mais on obtient une structure simple et agréable à suivre.
Étrangement, alors qu'il aurait pu paraître anecdotique par rapport aux précédentes productions du studio, le film parvient à atteindre un statut iconique grâce à sa scène pourtant très courte, celle des deux chiens mangeant des spaghettis en amoureux sur un fond de musique italienne.
Il y a bien sûr un côté improbable, qu'un chef cuisinier prendrait si au sérieux deux chiens demandant de la nourriture, alors que tous les humains réagissent "normalement" aux animaux en général. Pourtant, force est de reconnaître que ça fonctionne, vraiment bien. Il y a une émotion réelle qui se dégage de ce passage, quelque chose de touchant et qui est finalement assez rare dans l'univers Disney, qui ne prend pas vraiment le temps pour la romance plus traditionnelle et opte généralement pour le coup de foudre (ou le syndrome de Stockholm).
Le scénario prend son temps pour installer la relation entre les deux êtres à quatre pattes, de la rencontre jusqu'aux étoiles dans les yeux, en passant par l'inévitable dispute et séparation, et pour finir sur une happy end. De nouveau, tout est très classique, mais honnête et sincère.
La scène de la fourrière continue de me hanter, par contre, et c'est là que j'irai très certainement quand je pourrai adopter... Une raison non négligeable pour laquelle ce film m'est resté en mémoire.
"La Belle et le Clochard" s'inscrit comme un film dans la continuité du studio au niveau de la qualité artistique et du ton, mais dispose d'une base suffisamment solide et sincère, ainsi que d'un facteur "adorable" non négligeable, que pour se forger sa propre personnalité et rester dans les mémoires grâce à ses qualités indéniables.