Vu la nature du projet, La Bostella s'appréhende différemment selon qu'on ait, ou non, été spectateur de la petite chronique de Canal dont elle reprend, à priori, personnages et degré variable d'humour. A priori, car je suis complètement passé à côté des tribulations télévisuelles du petit groupe. C'est donc sans à priori, mais aussi, peut être, sans les pré-requis nécessaires, que je me suis lancé à corps perdu dans la piscine vide du film d'Edouard Baer. J'y ai apprécié son habile mélange de sensibilité, qui provoque parfois rire et émotion, même suis, dans le même temps, resté hermétique à son côté très maniéré difficile à cerner.

Peut être est-ce son intention quasi documentaire, son surjeu constant pleinement assumé, ou bien sa volonté de jouer sur l'improvisation, mais il est délicat de trouver l'état d'esprit adéquat pour apprécier La Bostella. Si certains passages fonctionnent, car ils se font l'écho d'une réflexion acide à propos de cette phobie de la page blanche qui touche bon nombre de créateurs, d'autres tombent complètement à plat. En résulte qu'Edouard Baer parvient aussi bien à générer de l'émotion (sa rencontre avec ses parents) qu'il peine à maintenir son cap jusqu'au bout, les 90 minutes semblent parfois un peu longuettes. Preuve de cette navigation sans boussole, sa petite troupe semble complètement perdue, alternant le très bon (le transformiste qui pète son boulard) et l'absurde peu inspiré (la plupart des répétitions).

La Bostella n'est jamais aussi convainquant que lorsqu'il assume son propos, qu'il soit dramatique ou comique. Malheureusement, à force de surfer sur toutes les vagues, à vouloir se faire un peu trop subtil, il noie son poisson avec une efficacité telle qu'on ne sait plus trop dans quel bassin vide repêcher son sourire. Reste que l'ensemble est tout de même un moment de divertissement sympathique, parce qu'il est peuplé de ganaches amicales, mais il verse beaucoup trop dans le "private joke" pour se laisser apprécier pleinement par le spectateur néophyte.
oso
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste L'ours, Homo Video, en 2014

Créée

le 20 août 2014

Critique lue 687 fois

7 j'aime

oso

Écrit par

Critique lue 687 fois

7

D'autres avis sur La Bostella

La Bostella
TaGrandMere
9

Si tu aimes les acteurs qui savent jouer

Si tu rigoles pas pendant ce film, c'est que tu es certainement le genre à préférer le parc Asterix à EuroDisney. Peut être même que tu regardes le Juste Prix, parfois quand tu tombes dessus, pour...

le 30 oct. 2010

3 j'aime

La Bostella
ROUB_ELDIABLO
4

format court en long

J’aimais beaucoup les sketches du centre de visionnage d’Edouard Bear sur canal et dont la Bostella est une sorte d’extension. C’est grâce à ces sketchs qu’à cette époque j’avais découvert le talent...

le 15 juin 2021

1 j'aime

Du même critique

La Mule
oso
5

Le prix du temps

J’avais pourtant envie de la caresser dans le sens du poil cette mule prometteuse, dernier destrier en date du blondinet virtuose de la gâchette qui a su, au fil de sa carrière, prouver qu’il était...

Par

le 26 janv. 2019

81 j'aime

4

Under the Skin
oso
5

RENDEZ-MOI NATASHA !

Tour à tour hypnotique et laborieux, Under the skin est un film qui exige de son spectateur un abandon total, un laisser-aller à l’expérience qui implique de ne pas perdre son temps à chercher...

Par

le 7 déc. 2014

74 j'aime

17

Dersou Ouzala
oso
9

Un coeur de tigre pour une âme vagabonde

Exploiter l’adversité que réserve dame nature aux intrépides aventuriers pensant amadouer le sol de contrées qui leur sont inhospitalières, pour construire l’attachement réciproque qui se construit...

Par

le 14 déc. 2014

58 j'aime

8