« La Cabane dans les Bois » de Drew Goddard : l’an 1 d’une nouvelle conception de l’horreur sur gran

Les films d’horreur contemporains sont un peu les composants d’un immense pot-pourri où se mélangent des odeurs plus ou moins agréables que l’on n’aurait jamais voulu marier. Du tueur en série, du gosse possédé, du pervers psychopathe, de la nymphomane en cavale, des zombies saccadés, des catastrophes scientifiques, des contaminations futuristes… on nous les as tous servis sur toutes les tables, ces sujets-là, chauds comme froids, assaisonnés et décaféinés, relevés ou allégés. On en a aimé, on en a détesté et au final, on a quand même fini par s’en lasser avec amertume.


Drew Goddard nous sert un bien fameux ovni, tout fraîchement sorti ce 2 mai 2012 dans les cinémas français. Un film à la forme et au fond à la fois contestés, acclamés, remis en question, descendus par la critique internationale. Une polémique qui est née des différents éléments à risque, emplis de dualité, que Goddard a décidé d’exploiter au sein de ce long-métrage s’armant de culot et d’une très franche audace.
Noté par le site américain de référence Rotten Tomatoes 92/100, le doute planait encore en Europe sur le pouvoir de séduction de ce film, tout en sachant que le public européen est un public souvent moins subtile.
Les références satyriques à la tradition originelle du film d’horreur se font nombreuses et délicieusement noirâtres : nous avons envie de croire en la trappe d’Evil Dead, aux zombies de Romero dans « La nuit des morts-vivants » ou encore aux petits accrocs scénaristiques de « La Coline a des yeux » de Wes Craven.

Qui a dit "A poil!" ?

La première partie du film nous présente la petite troupe de jeunes étudiants américains que l’on va accompagner de bout en bout de ce film, comme dit précédemment, Drew Goddard a décidé de mettre les clichés du cinéma d’horreur au profit de son scénario sur la « mise en scène à échelle humaine » : le joueur de football ultra musclé, la blonde sexy limite écervelée, l’intello brune et vierge, le super beau gosse à la culture débordante et le drogué loufoque de service. La deuxième partie affiche un rythme effréné auquel on a du mal à croire en plein déroulement de l’action ! L’entrée tonitruante dans cet univers bidimensionnel qu’offre le film apporte un réel vent de fraîcheur au genre en affichant un recul un brin moqueur, un brin moralisateur par rapport au genre mais aussi en apportant une forme de contemporanéité dans le message général du film vis-à-vis de la société actuelle. Le seul bémol que je porterai à l’attention des spectateurs ou futurs spectateurs fût pour moi le dénouement final, ce « sacrifice » aux Dieux ravageurs… qui m’a paru un peu « dommage » après un déroulement aussi intense et réellement intéressant à suivre. Cela fait retomber un peu l’intensité critique et satyrique du film dans sa globalité, mais ne gâche pas non plus l’entièreté de l’œuvre. On est, de plus, on ne peut plus ravis, enchantés, séduits de voir le visage familier et adoré de Sigourney Weaver apparaître à l’écran !

En fin de compte, « La Cabane dans les Bois » est un film d’expérimentation qui connaît ses lacunes mais affirment si nettement ses forces que, bizarrement, on lui pardonne avec une facilité déconcertante ses quelques écarts de style. Le jeu des acteurs est, dans le contexte, juste et assumé tout comme les multiples rebonds du scénario et ses prises de parti très risquées. On en ressort satisfait, un brin en pièces, dubitatif, mais convaincu d’avoir visionné un film qui propose enfin un contenu novateur et assumé ; chose qui manque cruellement au cinéma d’aujourd’hui, exploitant bien trop souvent la même recette à l’infini. Le régal et la valeur de “La Cabane dans les bois” n’en sont que plus savoureux!
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8
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le 30 juil. 2012

Modifiée

le 30 juil. 2012

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Sally McAlister

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