La Chair et le Sang par Pierre Marot

J'ai trainé un peu avant d'en faire la critique, et si j'ai beaucoup apprécié (au point de lui mettre 8 et recommandé) je dois avouer qu'un mois (et quelques autres films et critiques) il ne m'en reste que des bribes...
Pas n'importe quelles bribes, cela dit, et avant de m'extasier sur le génie de Verhoeven, il faut que j’évacue un truc qui m'a dérangé dans ce film et qui aurait du me le faire noter beaucoup plus bas : la scène de viol. En règle de général, ça n'apporte rien à un film, si ce n'est de prouver que le méchant est méchant, que la femme est une victime et que le sexe est une arme. Ici, c'est... différent. Difficile de dire en quoi sans me faire tomber dessus, mais j'ai l'impression que l'héroïne n'est pas complètement une victime, que l'objectif n'est pas de la montrer faible mais de la faire basculer du côté des brigands - et de toutes façons la scène ne fait pas du violeur le méchant du film.
Bon, une fois qu'on a dit ça, il faut parler des trucs vraiment bons dans ce film. Le premier truc qui saute aux yeux, c'est ce Moyen Âge bien crade, humain, crédible dans sa première moitié (après... il y a un problème côté temporalité, l'action de la peste ou la construction des engins de sièges sont trop rapides...). On n'est pas chez Chrétien de Troyes ici, les décors, les dialogues, les personnages sont crades voire difformes... Et le deuxième truc, c'est que les protagonistes ne sont pas non plus des Chevaliers de la Table Ronde. En dehors du héros (le vrai) qui n'est pas un salopard, de sa nana a une certaine fascination pour les vauriens (y-compris les méchants) et se débrouille assez bien pour ne pas être une princesse en détresse, Martin crève l'écran dans son ambiguïté, une volonté de sauver les siens mêlé d'un certain manque de respect pour la dignité et la vie humaine, son amour aussi sincère que sa jalousie... Et puis merde, Rutger Hauer.
En fait, c'est surtout ça qui est bien dans ce film.
Sans compter une scène romantique au pied d'un pendu.