Produit par Columbia, réalisé par Charles Vidor un an avant son célèbre “Gilda” et nommé pour six oscars en 1946, ce film me semble un peu oublié aujourd’hui. Je l’ai vu récemment, par hasard, sans en avoir jamais entendu parler auparavant. Il s’est donc offert à moi, et j’ai saisi l’occasion. J’ai bien fait.


C’est donc une biographie de Chopin. Et tout est dit, quand à l’histoire. Sans être un spécialiste de la vie de Chopin, il est aisé de comprendre qu’elle est très imagée, voire fantaisiste, ce qui ne retire rien au plaisir que nous offre ce film. Car le plaisir est ailleurs.


La musique, tout d’abord. Chopin, interprété par le célèbre pianiste et chef d’orchestre espagnol José Iturbe, qui a réussi en parallèle une belle carrière à Hollywood, est un régal. De longs moments du film sont consacrés à ses plus célèbres compositions et c’est une des principales satisfactions du film.


En outre, celui-ci est construit comme de petits tableaux, tantôt comiques, tantôt romantiques, tantôt tragiques. Le Paris du XIXème est superbement pictural et kitch. Le Technicolor est chatoyant et les décors parisiens reconstruits en studio sont si hollywoodiens qu’il n’aurait pas été étonnant de voir débouler Gene Kelly en dansant des claquettes.


Quand au point de vue, ici, pas de trio amoureux. Alfred de Musset n’apparait que très furtivement au café de la Bohème. L’histoire est linéaire mais c’est la relation entre Chopin et son mentor Józef Elsner qui prime. C’est d’autant plus étonnant et farfelu qu’Elsner n’est, je crois, jamais venu en France. Mais qu’importe. L’affirmation de la Pologne en tant qu’État indépendant est également au cœur du film.


Grosse production pour l’époque, il lui fallait des têtes d’affiche.


Le fringant Cornel Wilde, qui remplace Glenn Ford engagé volontaire dans le corps des Marines, interprète Chopin et est gratifié d’une nomination aux oscars, la seule de sa carrière. Un peu trop pimpant pour interpréter le fragile Chopin (la même année il interprétera Aladdin), il fait cependant parfaitement illusion lorsqu’il s’agit de jouer du piano. Ce n’est pas rien. Glenn Ford retrouvera, lui, Charles Vidor pour «Gilda» l’année suivante.


Merle Oberon interprète une Georges Sand froide et distante et meuble souvent devant la caméra. C’est dommage, c’est elle au départ qui m’a donné envie de voir le film.


Enfin, Paul Muni s’offre la part belle du film. Probablement très loin de la personnalité du vrai Elsner, qu’importe, il fait le show. Parfois émouvant, souvent très drôle, il ne laisse que peu d’espace aux autres acteurs pour briller à ses côtés. Il est complètement over the top et finit par être, avec la musique de Chopin, l’autre grand intérêt de ce film. Je ne connaissais l’acteur que de nom, mais son show m’a donné très envie de voir d’autres de ses films. Mais lesquels?

joandasilou
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le 31 juil. 2019

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