Les notes de ce western ne sont pas terribles, et je le déplore, car je le trouve au contraire très intéressant, surtout de la part d'un vieux routier comme Raoul Walsh qui a donné au genre de belles pages. Il situe son action en pleine guerre indienne, et d'emblée, dès le début du film, on ressent le racisme indien de la part de certains soldats, le film s'inscrit donc dans ce qu'on a appelé le western pro-indien et il joue sur cette façon de dire que après tout, les hommes rouges défendaient leur terre où ils étaient établis depuis des générations face aux Blancs qui voulaient les accaparer en les affamant et en les massacrant. Cette vision me plait, car j'ai un grand respect et une admiration pour la race indienne, c'est pourquoi j'ai toujours aimé les westerns où les Indiens sont présents, même si Hollywood ne les a pas toujours avantagés.
Walsh en profite aussi pour montrer la vie de garnison d'un fort perdu en plein territoire hostile en pimentant l'intrigue par une sorte de triangle amoureux entre un jeune lieutenant sorti de West Point et 2 femmes, au milieu de la menace indienne qui pèse sur le fort. Il construit son film par petites touches, à l'aide de notations discrètes, puis s'offre une vigoureuse séquence de bataille au corps à corps sauvage, sans jamais oublier qu'il fut un maître de l'action ; avec lui, l'écran n'est jamais vide, et lorsque l'on songe que ce film fut son dernier, on a subitement envie de revoir ses grands chefs-d'oeuvre. Dans les scènes plus intimistes, il est moins à l'aise, il lui manque le lyrisme de John Ford vu dans son cycle de 3 westerns sur la cavalerie, mais dès qu'il s'agit d'action, de mettre en valeur l'écran cinemascope, et la splendide photo de William Clothier qui sublime des paysages majestueux, Walsh se pose là grâce à son sens de l'espace. Il réussit un très bon western, souligné par une remarquable musique du grand Max Steiner (qui trouve un thème leitmotiv à la trompette et aux cuivres, qui sonne très cavalerie et qui scande tout le film), sans stars, mais avec un casting homogène de bons seconds rôles comme Troy Donahue (critiqué alors qu'il est plutôt bon), la très belle Suzanne Pleshette au charme dévorant, Claude Akins en vieux filou de trafiquant d'alcool, et surtout James Gregory remarquable en vieux général sage et humain. Un western qui annonce le désenchantement des westerns qui vont suivre

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le 19 janv. 2017

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Ugly

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