La charge victorieuse est un film court, un peu plus d’1h de bobines, c’est d’autant plus fort que ce que parvient à développer Huston dans ce laps de temps très resserré est très riche.
C’est donc un film de guerre, sur la guerre de Sécession entre yankees et sudistes.
Le film fonctionne constamment sur deux niveaux, sur l’opposition entre deux éléments presque contraires mais qui se complètent. Cette dichotomie ne reste toutefois pas à l’état théorique, car existe tout le mouvement qui va de l’un à l’autre.
Le film est presque scindé en deux parties, une première où l’on suit un jeune soldat nordiste, qui par peur, lâcheté et rejet de cette situation, fuit le conflit et se réfugie dans la forêt. Avant de foncer au combat après avoir réfléchi à sa condition, ses actes, et ce qu’il voit.
Filmé à hauteur d’homme, Huston saisit en gros plans, des corps, des trognes, comme dans un western spaghetti. Il alterne toutefois le point de vue collectif et multiple, vue sur les champs de batailles, le combat, avec le point de vue individuel, à la première personne. Allant même au-delà puisque le cinéaste laisse entendre le monologue interne sur les états d’âme du soldat.
C’est donc un film qui s’attarde d’une part sur l’aspect physique du conflit, captant autant l’attente des hommes que la fureur des batailles. Et d’autre part sur les répercussions psychologiques qui en découle, avec tout un discours sur l’absurdité de la guerre, la lâcheté, la fuite, la peur, l’héroïsme,..
La mise en scène de Huston, brillante, malgré l’alternance de point de vue, colle aux basques du soldat et évolue en même temps que lui. Un soldat qui traverse le film de façon presque fantomatique, inhabité, absent, ne faisant jamais corps avec les situations qu’il vit.
Dans la première partie, la mise en scène fait des champs de batailles un théâtre mystérieux, presque onirique. Les lieux sont nimbés de brume, tout semble flotter, le soldat ne sait pas où il est, ce qu’il fait, ce qu’il voit. Puis, après qu’il ait pris conscience de sa condition, et décide d’aller se battre, le film se fait plus réaliste, presque documentaire. Mais le soldat, lui, est toujours aussi transparent.
Teklow13
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le 12 nov. 2012

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