Eh ben, "La Chasse", c'est pas la "Festen" !
Il semble que Vinterberg soit plus à l'aise avec les vrais coupables que les injustices!
J'aimerais qu'on m'explique comment on fait pour rester devant un tel film jusqu'au bout ?
Ce film est tronqué, le spectateur floué, dès le début, puisque l'on nous montre clairement que le mec est innocent et que la petite fille (brillante au demeurant) invente ses propos, perturbée qu'elle est entre une certaine indifférence de ses parents et l'attention portée par l'ami de son père envers elle.
Donc, sachant cela, Vinterberg nous propose d'assister au progressif lynchage d'un homme par toute une communauté qu'il aimait et qui l'aimaient.
On veut nous montrer une injustice causée par le poids que l'on donne à la parole d'un enfant face à celle d'un adulte....
Il faut pour cela passer par cette scène hallucinante d'un pseudo psychologue venu mâcher les mots à la petite fille qui semble une première fois se raviser, mais cela, aucun personnage ne semble plus déjà douter de la véracité de l'abus.
L'engrenage est donc lancé, et notre frustration partie pour durer et empirer jusque la fin ...
Or, l'intérêt du sujet de Vinterberg résidait justement dans l'ambiguité d'une telle situation et sur le fait que le spectateur peut tout à fait se retrouver dans la peau d'adultes qui n'arrivent pas à savoir ce qui s'est passé chez cet enfant ; de là, peuvent partir un certain nombre de comportements compréhensibles s'approchant de l'injustice.
Mais cette ambiguité levée et devenue inexistante, l'intérêt ne réside plus que dans le côté voyeur du spectateur venu assister à ce fameux lynchage injuste, à coups de "Roohh non" "ils vont pas faire ça" "mais soyez clairvoyants" "quels bande de connards!!".
A partir du moment où l'on n'écoute plus la parole de cette petite fille qui, une 2ème fois, tente de revenir sur ses propos dans les bras de sa mère, le choix du spectateur est soit de rester pour pester devant l'absurdité de la situation et éventuellement pleurer sur le sort du mec, soit de partir en se disant que l'issue du film est d'ores et déjà pliée... Ce que j'ai fait !
Alors, les détracteurs me diront : "mais, de telles histoires existent bien !!" Oui, de telles histoires existent effectivement, mais ici nous sommes au cinéma, devant un scénario censé nous apporter un point de vue, et non pour nous donner la vérité de chaque personnage qui aboutit ici forcément à une impasse et une frustration.
Croyez bien que dans ces histoires réelles, le point de vue de l'enfant n'est jamais aussi facile à déterminer que Vinterberg nous le montre ici (sauf évidemment quand l'abus a laissé des traces physiques).
Je vous passe le choix symbolique gros comme une maison de faire de la chasse le hobby de tous ces hommes.
Bref, c'est vraiment dommage, parce que se louper dans un tel sujet est quand même difficilement excusable.