La Chasse par Patrick Braganti
Le réalisateur danois enfonce des portes ouvertes et semble dans un film lourdaud, manquant terriblement de nuance et de subtilité, régler ses comptes avec ses congénères, rassemblés ici dans une communauté de rustres avinés, amateurs de chasse, tout à fait disposés au lynchage d'un des leurs, accusé d'attouchement sexuel. Au-delà des invraisemblances, on s'interroge aussi à désigner comme bouc émissaire l'homme divorcé, vivant seul, ancien instituteur reclassé au jardin d'enfants, juste capable de séduire une étrangère. De la même façon, il est curieux que le seul à faire confiance à l'infortuné soit aussi celui qui possède la plus belle maison, affiche une manière de vivre supérieure aux autres membres de la communauté. La résolution en surajoute encore et laisse donc une impression d'inutilité et d'embarras tant Thomas Vinterberg nous place volontairement dans une position inconfortable, réveillant en nous les plus vils instincts. Enfin, hormis le soin apporté à la lumière et l'interprétation honnête de Mads Mikkelsen, le film offre une mise en scène plate et conventionnelle, loin des ambitions formelles de celui qui présida à la création du Dogme 95.