Pris pour cible.

Alors qu'il venait de trouver un poste d'assistant dans une école maternelle, un père divorcé se voit injustement accusé d'actes pédophiles. Il va alors devenir au sein d'une communauté pour laquelle il a beaucoup œuvré, un paria.

Le spectateur va assister à la détresse fulgurante d'un homme dont le nom va être salit et le quotidien brutalisé. Sa vie familiale, professionnelle, sociale, amoureuse va voler en éclats. Il n'a pourtant jamais fait de mal à qui que ce soit et ne va cesser de le clamer. Mads Mikkelsen, endossant le rôle de Lucas, remue autant qu'il impressionne. La trame scénaristique brise littéralement par sa justesse et sa pureté. Chaque scène se justifie et apporte son lot de précisions. Par ailleurs, quelques passages trouvent des points communs avec l'éloquent The Woodsman. Sorti en 2004, lui, évoque les problèmes d'un agresseur d'enfants pour se réinsérer en société.

Avec beaucoup de finesse et de nuances, La Chasse questionne une thématique taboue. Et cela de façon lucide et intelligible.

Non, la vérité n'émane pas toujours de la bouche d'un enfant. Être innocent car aussi capable de laisser libre cours à une colère futile dont il ne soupçonne aucunement les conséquences dans le monde des adultes. Qu'ils soient assis sur le banc des prévenus ou de la défense, impossible de lui en tenir rigueur. Comment ne pas croire cette bouille adorable? Comment ne pas attribuer ses hésitations, ses affirmations changeantes au choc de son agression supposée? Un mensonge suffisamment répété peut être tenu pour réel.

Qui croire lorsque aucune preuve tangible ne met en cause l'accusé? Une telle affaire va diviser et rassembler. Grandes personnes comme gamins. Le doute subsistera toujours pour certains, pour d'autres, il n'a pas lieu d'être. La véracité du crime est acquise. L'objectivité sera étranglée par une passion dévorante, celle de protéger le chérubin opprimé.

D'une franchise indiscutable, le drame danois renverra à bons nombres de faits divers. Thomas Vinterberg parvient à transmettre et à faire réfléchir. Une traque qui décèle des perceptions se heurtant les unes aux autres. Cette dernière une fois comprise, il est inimaginable de se méprendre sur son titre.

Ce n'est pas une bête qui est chassée. C'est un homme porteur d'un symbole.