Véritable instigateur de la science-fiction et de l'horreur liée à l'invasion extra-terrestre, La chose d'un autre monde (dans son titre français) aura inspiré toute une génération de réalisateurs et scénaristes. John Carpenter est le premier qui nous vient à l'esprit, puisqu'il en a fait un remake (un des rares à ne pas être péjoratif au terme) et n'a d'ailleurs pas loupé l'occasion de lui faire un clin d'œil dans son film Halloween, dans lequel Laury et les enfants le regardent à la télé. Un classique d'Halloween donc, tout du moins pour nos parents ou grands-parents, mais aussi la quintessence d'ingéniosité qui posait toutes les bases pour alimenter l'imagination des créatifs.
Pour l'inspiration on penserait d'abord à The Thing de Carpenter, mais celui-ci n'aura repris qu'une partie des bases, remaniant intelligemment le concept, le modernisant sans non plus le dénaturer. On retrouve les chiens massacrés, leur rôle d'alarmes ou encore la sensation d'isolation liée au lieu (le pôle Nord), mais s'il y a un autre film qui s'en inspire beaucoup, c'est Alien. En effet, tout un tas de similitudes sont à relever, dont la créature qui n'apparaît que peu, sa crainte du feu, le gouvernement qui interdit son éradication en vue de l'étudier et évidemment le scientifique qui lui non plus ne veut pas la détruire.
Pour en revenir au film lui-même, il était bien plus ancré dans le style science-fiction de l'époque que dans l'horreur ou l'épouvante. Une longue partie est laissée à la découverte, l'étude et la compréhension de cette organisme. Néanmoins certaines scènes seront là pour assurer le minimum de tension, que ça soit sa tentative de destruction, et évidemment le final.
Autre point important de la pellicule, son fond lié à l'époque, en plein maccarthisme, et imposait une vision assez négative des scientifiques, d'où le choc constant entre les deux personnages principaux. S'ajoute à cela une strate alarmiste cachée usant de la fiction pour diriger le regard du public vers le ciel, non pas pour qu'ils surveillent les OVNIS, comme l'on pourrait d'abord le croire, mais tout simplement les Russes.
On ne pourra pas non plus oublier la critique envers l'être humain, qui s'est auto-approprié le terme d'organisme supérieur, dénigrant ceux qui étaient là bien avant lui.

Bref, La chose d'un autre monde est un vieux film, mais un bon film, qui se bonifie avec l'âge et qui au fur et à mesure ne cesse de révéler des points clés que les auteurs auront repris par la suite.
Le casting est brillant, que ça soit Kenneth Tobey en militaire (qui sera repris de façon approchante par le bourru Kurt Russell), Robert Cornthwaite en scientifique épuisé, et évidemment la fabuleuse Margaret Sheridan en assistante courageuse, prémisse de la femme forte d'Alien.
Certaines scènes légères étonneront de par leur présence, que ça soit la première, où la porte du bureau du responsable ne cesse d'être ouverte et l'enneige, provoquant un fou rire incontrôlable. Une autre tout aussi mémorable sera celle où Margaret Sheridan et Kenneth Tobey picolent, alors que lui est attachés à une chaise façon sado-maso, ce qui pour l'époque était plus que curieux.
En terme d'effets-spéciaux il est naturel de dire que le film n'est pas un exemple en la matière, car comme dit plus haut la créature n'est que peu aperçue, et qui plus est elle est humanoïde. Néanmoins le concept est le même que celui que réutilisera Ridley Scott dans Alien, plutôt qu'imposer une créature qui aurait au fil des années parue artificielle et ridicule, il a choisi de faire l'inverse, préservant une forme de mystère et rendant le film visuellement increvable.
Pour conclure, les amoureux de la science-fiction/horreur sauce rétro retrouveront ici tous les thèmes qui leur sont chers. Étant une source d'inspiration, et dépassant tout juste les 80 minutes, il sera un must facile à regarder pour quiconque souhaite en apprendre un peu plus sur les sources des grands films contemporains du genre.
Mention spéciale au film tout entier, qui au-delà des griefs que l'on pourra avoir à son encontre en terme de textes cachés, fait partie des œuvres les plus appréciables du genre, et n'aura cessé d'inspirer les cinéastes au fil des temps.
SlashersHouse
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le 17 oct. 2011

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