Le film de Les Nuls fait figure d'objet culte dans le paysage du cinéma français des années 90, à tel point qu'un certain nombre de ses répliques, scènes ou gags appartient aujourd'hui encore à la mémoire cinéphile collective.


Lauby, Chabat et Farrugia campent donc respectivement une attachée de presse excentrique, un garde du corps coureur comme pas deux et un acteur de série Z niais jusqu'à l'os, personnages respectivement nommés Odile Deray, Serge Karamazov et Simon Jérémi. Introduite par la séquence finale du parodique Red is Dead ( grossier film de genre prônant le conformisme capitaliste à grand renfort de créatures rouge-coco maculées de mazout ) La cité de la peur nous plonge dès les premières minutes au coeur du marché du film cannois, associant pléthore de références au canevas narratif classique du whodunnit... En ce sens la réalisation de feu Alain Berbérian, multipliant les trouvailles comiques d'une scène à la suivante, représente aussi bien un hommage délicieux à la Croisette qu'un véritable modèle de comédie policière.


Près de dix ans séparent La cité de la peur d'un autre film étrangement méconnu mais non moins remarquable dans son inventivité burlesque et décalée : le tristement confidentiel téléphone sonne toujours deux fois de nos futurs Inconnus hexagonaux... Nul(s) doute(s) que Chantal, Alain et Dominique ont largement étudié la comédie co-écrite par Didier, Bernard et Pascal dans le courant des années 80, tant les deux films partagent moult similitudes ( meurtres en série articulés autour d'une figure féminine, ici par l'entremise d'une poignée de projectionnistes, là au gré d'une succession d'interlocutrices victimes d'un coup bien combiné ; passages obligés de rigueur tels que course-poursuite, tueur invisible, interrogatoire musclé ou encore héroïne tacitement nommée par l'assassin au gré d'une suite de lettres formant quelque identité...).


La propreté de la mise en scène de Berbérian, la séquence centrale de course-poursuite revisitant Point Break, la présence désopilante d'un Jean-Pierre Bacri indisposé par les flatulences du père Kara-Chabat, le jeu volontairement grotesque du pitre Farrugia, les clins d'oeil de quantité non négligeable à tout un pan du Septième Art ou encore la prestation touchante de Sam Emile Karmann sont autant de raisons de voir et de revoir La cité de la peur. Une épatante comédie.

stebbins
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le 10 sept. 2017

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stebbins

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