Après le très décevant voire ridicule Casanova, j'attendais Fellini de pieds fermes, et si La Cité des Femmes est loin d'être son oeuvre la plus mémorable, il rehausse tout de même le niveau, évoquant ici les rencontres d'un quinquagénaire dans un congrès féministe.


Il met ici en place une ambiance limite surréaliste plutôt prenante, proposant et enchaînant de nombreux tableaux pour créer une fresque certes inégale, mais tout de même forte intéressante et plutôt immersive, du moins sur quelques segments. Il propose une mise en scène plutôt inventive, laissant planer un parfum onirique sur le long métrage et va surtout s'intéresser aux fantasmes de son protagoniste, mais aussi à ses angoisses et surtout des femmes, parcourant alors un véritable voyage initiatique.


Si les quelques touches d'humours provoquent plutôt bien l'effet voulu, on ne pas en dire de même pour plusieurs autres aspects, à l'image de la subtilité (réduite au néant, ou presque) ou même à la profondeur où j'ai eu l'impression de voir la femme réduite en castratrice conditionnée par les désirs masculins. De plus, Fellini démontre quelques problèmes au niveau du rythme, n'arrivant pas à maintenir une ambiance tout le long prenante et provoquant par moment l'ennui, notamment dans la seconde partie de l'oeuvre alors que la première est assez intrigante.


Federico Fellini a tendance à trop laisser libre cours aux rêves, cauchemars et fantasmes de son protagoniste, n'arrivant plus à sublimer son récit comme il avait su le faire à de nombreuses reprises jusque-là. Il n'hésite pas à utiliser de nombreux clichés jusqu'à rendre par moment son film à la limite de l'indigestion, se montrant ici à la fois baroque et brouillon tout en étant mal ancré dans son temps, sonnant assez souvent faux, et ce n'est pas la remarquable prestation de Marcello Mastroianni qui va sauver le film.


Federico Fellini propose avec La Cité des Femmes une oeuvre parfois intéressante, notamment par son parfum onirique et sa description des fantasmes, mais trop brouillonne et contenant trop de failles, notamment à l'écriture, alors que le cinéaste italien ne sublime que trop rarement son récit.

Docteur_Jivago
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Stradale Italia : Voyage au coeur du cinéma italien et Federico Fellini

Créée

le 23 juil. 2017

Critique lue 1.2K fois

13 j'aime

Docteur_Jivago

Écrit par

Critique lue 1.2K fois

13

D'autres avis sur La Cité des femmes

La Cité des femmes
KingRabbit
7

Marcello au pays des merveilles

Marcello, dans un train, face à une superbe et mystérieuse nana. On sent qu'il se contient, mais on est chez Fellini, tout peut arriver, le plus vulgaire surtout. Duel de regards à la Leone, le train...

le 15 nov. 2013

16 j'aime

6

La Cité des femmes
Docteur_Jivago
5

Voyage Initiatique

Après le très décevant voire ridicule Casanova, j'attendais Fellini de pieds fermes, et si La Cité des Femmes est loin d'être son oeuvre la plus mémorable, il rehausse tout de même le niveau,...

le 23 juil. 2017

13 j'aime

La Cité des femmes
Okilebo
8

Vive les Femmes !

Je n'ai pas la prétention de dire que je suis un spécialiste du cinéma de Fellini mais j'ai vu quelques oeuvres de sa filmographie et ce qui me frappe dans celle-ci, c'est l'onirisme qui se dégage de...

le 13 janv. 2018

6 j'aime

6

Du même critique

Gone Girl
Docteur_Jivago
8

American Beauty

D'apparence parfaite, le couple Amy et Nick s'apprête à fêter leurs cinq ans de mariage lorsque Amy disparaît brutalement et mystérieusement et si l'enquête semble accuser Nick, il va tout faire pour...

le 10 oct. 2014

170 j'aime

32

2001 : L'Odyssée de l'espace
Docteur_Jivago
5

Il était une fois l’espace

Tout juste auréolé du succès de Docteur Folamour, Stanley Kubrick se lance dans un projet de science-fiction assez démesuré et très ambitieux, où il fait appel à Arthur C. Clarke qui a écrit la...

le 25 oct. 2014

155 j'aime

43

American Sniper
Docteur_Jivago
8

La mort dans la peau

En mettant en scène la vie de Chris The Legend Kyle, héros en son pays, Clint Eastwood surprend et dresse, par le prisme de celui-ci, le portrait d'un pays entaché par une Guerre...

le 19 févr. 2015

151 j'aime

34