Raté à sa sortie. Vu cet aprem. Le premier film de Raul Arévalo, sans prétention, sec et rugueux, mais drôlement efficace et inattendu. Mention spéciale pour le scénario. Un film beau, rude, parfois insolent, sur la vanité absurde de la colère. Quand on a ruminé huit ans sa vengeance contre ceux qui vous ont pris un être cher, que l'oubli et l'érosion du souvenir font leur sape impitoyable, que les méchants sont devenus de braves pères de famille et que sa propre haine est assaillie par le doute, comment s'y prend-on pour accomplir l'oeuvre du châtiment ? Cela donne la balade sauvage et punitive, un peu désincarnée, bizarre, d'un faux doux vraiment triste et d'un violent presque repenti ; la traque au soleil madrilène de deux anti-héros en jogging, Jose, le justicier tragique, et Curro, l'ex-taulard reconverti. De la vendetta solitaire au western dérouté, et un face à face/ duo étonnant entre Antonio de la Torre et Luis Callejo. J'aime beaucoup son titre français : La Colère d'un homme patient. Une réflexion intéressante sur la violence et son traitement au cinéma. Belle mise en scène.