La Colère des titans : un scénario d’une futilité titanesque

Après un premier film intitulé Le Choc des Titans réalisé Louis Leterrier, dans lequel Sam Worthington joue le rôle de Persée, demi dieu guidé par Io (Gemma Arterton) et aidé par son père biologique, Zeus (Liam Neeson), à vaincre le Kraken et par-là même affaiblir Hadès (Ralph Fiennes) pour venger sa famille. Celui-ci avait fait preuve d’assurance par les effets spéciaux maîtrisés, un scénario mythologique relativement bien tenu, et une pléiade d’acteurs scandaleusement bien trouvée !
Io n’est pas de la partie pour ce deuxième opus car l’actrice était engagée dans un autre projet.
Et bien La colère des Titans par Jonathan Libiesman prend la relève avec des effets spéciaux toujours plus spectaculaires suivant la mode du scénario parsemé de subtiles énormités dont la foi repose sur la naïveté du spectateur.
Le scénario et la mise en scène de ce dernier font de la légende de Persée la risée de la mythologie dévoilant de nombreuses failles qui creusent petit à petit le gouffre de futilités vertigineuses du film telles que la mort de Zeus et de Poséidon : si, si, les immortels sont mortels.
En suivant cette logique fabuleuse on comprend mieux comment Persée survit à une flamme digne d’un crachas de dragon agrémenté de laves, simplement en brandissant une fine porte en bois tout droit sortie du Pays d’Alice au Pays des Merveilles, sans avoir la moindre petite égratignure.
Mais la créativité des grands penseurs de ce scénario va encore plus loin : les répliques, elles aussi, révèlent l’extraordinaire potentiel de Persée quand ce dernier dit à Andromède (Rosamund Pike) d’arrêter Cronos (le père de Zeus, Hadès, et Poséidon, qui s’apparente à une gigantesque montagne de roche volcanique en éruption aux formes du corps humain version Géant vert) pendant qu’il va chercher la seule arme capable de l’anéantir. Le plan suivant montrant l’armée d’Andromède accessoirisée par des lances en bois : en effet, Cronos ne devrait pas résister longtemps.
Par analogie, il aurait pu stopper le Kraken avec des bébés poulpes. Il faut croire que Le Choc des Titans était plus inspiré.
(Notons également que dans le premier volet, Andromède était brune aux yeux noirs, la belle s’est métamorphosée en jolie blonde aux yeux bleus d’Aphrodite).
Moralité : ne tentez rien si vous n’avez rien.
On peut néanmoins applaudir le jeu des acteurs qui s’investissent nonobstant une fin américaine dont le baiser du héros veuf (j’ai nommé Persée) avec la belle et indestructible Andromède prend les dernières minutes du film pour une idylle aussi prévisible (dès le début du film, l’attitude kitch des deux tourtereaux annonçait une tension sexuelle permanente) et inutile qu’un cheveu sur la soupe (Io se retournerait dans sa tombe en voyant que son Jules l’a remplacée après une mésaventure commune avec une bombe égyptienne au visage et aux cheveux de poupée polonaise).
Même si ce sont d’excellents acteurs, on ne peut leur en vouloir de ne pas avoir pu sauver le film : ils relèvent un peu le niveau certes, mais ils ne peuvent pas faire des miracles.
Si un troisième sort, je m’attends à des épées en bois. Pardon, ceci est déjà chose faite : le fils de Persée sculpte une petite épée en bois pour lui porter chance (d’où l’expression « touchons du bois » sûrement) : cela a porté puisque le papounet s’en est bravement tiré. Encore un accessoire bien pensé !
Il me paraît peu nécessaire de préciser que je n’ai pas aimé le film, mais pour être résolument objective : faites-vous votre propre opinion en allant voir cet épopée et faites-vous le plus crédule possible afin que la pilule ne passe pas comme un mauvais cachet au goût amer dont le peu d’humour n’aide pas tant à ne pas regretter son billet malgré les effets spéciaux d’enfer...