Camp disciplinaire britannique dans le désert Lybien en pleine seconde guerre mondiale. Pendant que le commandant se vautre dans le lit moite d'une grasse autochtone, l'adjudant-chef dirige de fait le camp d'une main de fer, tout entier prit par sa mission et le désir de réformer cette bande de soldats voleurs et déserteurs.

Au menu des journées, exercices divers, brimades permanentes et la colline. La colline, c'est un tas de sable à escalader en plein soleil, encore et encore, jusqu'à épuisement selon le bon vouloir des gardiens.

Le film commence superbement pas une présentation lente et précise du camp. Un nouvel arrivage est attendu, avec un ancien sergent cassé et brimé pour avoir tabassé son supérieur et refusé de monter à l'attaque. Parallèlement, un nouveau chef maton arrive, et pour qu'il se fasse la main, on lui confie le nouvel arrivage avec plus ou moins les pleins pouvoirs.

Cette cellule de cinq prisonniers sera le sujet du film : Sean Connery est le sous-off dégradé qui remet en cause l'autorité et un règlement désuet, il y a Ossie Davis en truculent soldat noir, Roy Kinnear en lâche obèse, Jack Watson en brute épaisse et tout ce petit monde va devoir supporter le sadisme d'un Ian Hendry glacial...

Ca déborde de bonnes choses, moi j'adore ces films de prisonniers sous le soleil, cette façon de prendre son temps, ces micro-mondes ni francs ni virils, ce jeu de pouvoir plus ou moins subtil, cette sueur, le délire d'Ossie, les logorrhées de Harry Andrews, assez impayable en dictateur de bonne volonté, les lâchetés de Michael Redgrave en médecin pervers, et ce bon bougre de Ian Bannen en pendant gentil du fou sadique...

Malheureusement, les défauts surnagent parfois, le propos du film n'est pas des plus finaud, et Sidney en rajoute un poil dans les cadrages pour faire monter la pression, souvent avec l'effet contraire, comme ce plan magnifique de la première montée de la colline, gâché par l'intrusion de gros plans de coupes sur les visages souffrants... Du coup, le film, trop démonstratif, perd tout le potentiel perturbant que son sujet promettait.

Le Champo, fidèle à sa réputation d'amateurisme, a fait sauter le film au milieu, puis l'a relancé en muet, avec une improbable musique d'accordéon par-dessus, sorte de ballet surréaliste venu transformer en farce la scène supposée tragique du film, pas forcément une mauvaise chose.

Moi, j'étais entouré de jeunes filles accortes, il y avait aussi une fiotte hétérosexuelle sans ses chaussures de marche, un hyalin chevelu et un renard déguisé en ours, j'avais passé une excellente journée, ce film était fait pour moi.

Qu'il soit fait pour vous, c'est encore autre chose...

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le 12 juil. 2012

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Torpenn

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