Stevens, Stevens, Who killed Stevens ? Stevens ! Stevens ! Stevens ! Stevens !


La Colline des hommes perdus est un indispensable. C'est ce que le cinéma fait de mieux. Sidney Lumet livre ici ce qui se place dans le très, mais alors, le très haut du panier de sa filmographie mais plus généralement du cinéma.
Lumet n'a pas l'habitude de prendre des pincettes pour traiter d'un sujet. Il est direct et le fait souvent avec des personnes d'une rare puissance. Dans 12 Angry Men il allait directement dans une salle de délibération pour montrer le ridicule de la peine de mort, dans A Bout de Course il allait directement vers un fugitif né fugitif pour montrer toutes les aspirations et les difficultés que cela pouvait provoquer, dans Point Limit, il arrivait, au prix d'une confrontation mémorable, à montrer ce que la Guerre Froide aurait pu être. Lumet tape souvent en pleine face, là ou ça fait mal, en plein centre !


Alors quand il s'attaque à la folie militaire, l'abject excès de contrôle sous prétexte de réeducation, Lumet était obligé de claquer tout ce qui passait sur son passage. Il a d'ailleurs tout écrasé. Sans concession, il traite le sujet avec un tel réalisme. C'est une claque monumentale que ce film.
Pendant deux heures...mais j'étais fou de rage contre ce fils de pute de Williams, puis devant l'impossibilité de rien n'y changer comme si le système était trop fort et même quand il tue...rien ne peut l'arrêter. Jusqu'au bout. Lumet conclut sur un pessimisme terrible, malgré tout, le système gagne de toutes les manières. Roberts, King, McGrath ont tout fait, mais le système les a poussés tellement loin que les efforts de Roberts sont réduits à néant par la haine, par la dureté injuste.
Lumet livre un film d'une dureté incompréssible, sans jamais faire de concession ni à ses personnages, ni aux spectateurs.


La mise en scène est immersive, proche des visages, de la détresse, du courage, de la peur, de la folie, de la fatigue, de la joie, de la décompression.
La caméra est immobile, puis elle tourne, elle monte, elle descend. Elle est toujours au bon endroit. Le film est parfait dans tous ses plans.
On passe par toutes les émotions. Tout est grand. L'arrivée au camp, les premières montées. Mais aussi cette scène totalement folle et surréaliste de King en slip, au milieu du camp, qui dit merde à toute une puissance, merde à toute une institution, à l'institution la plus rigide qui soit. Son arrivée dans le bureau d'Horace est jouissive ! Absolument jouissive et drôle. La scène du masque à gaz est aussi inventive et foutrement dure.
Je vais pas lister toutes les scènes magistrales car elles sont presque toutes magistrales....Pourtant c'est pas l'envie qui m'en manque tellement le film est COLOSSAL


Un réquisitoire d'une rare puissance devant l'hypocrisie de la rééducation militaire. Je ne prendrai même pas le temps de parler du casting...Car il est énorme tout simplement. Tout le monde est dirigé à la perfection par le maitre Lumet. Il ridiculise avec facétie et intelligence l'armée, sa bêtise, sa rigidité avec une telle facilité.
Cette colline de sable, cet exercice ridicule censé remettre dans le droit chemin alors qu'on ne fait que la montée, la descendre, la montée, la descendre sans jamais changer de chemin...Pourtant, être rééduqué, c'est bien avoir la chance de se remettre dans le bon chemin, semble-t-il.


PS : Même topo que pour Témoin à Charge :
RUEZ VOUS ! MAIS RUEZ VOUS SUR CE CHEF D’ŒUVRE BON DIEU DE BON DIEU DE MERDE !!!!!!!

Halifax
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le 25 mai 2015

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Halifax

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