Dans sa présentation lors d'une séance unique de la 40ème édition du FIFLR, le distributeur Sébastien Tiveyrat nous a informés que la bobine qui allait être projetée était la copie unique au monde, tirée à partir du négatif original, de ce film oublié et sauvé au prix de nombreux efforts et recherches. Il nous a dit également que La colline des hommes perdus (The Hill), sorti en 1965, était l'un des deux seuls films de l'histoire, avec Les oiseaux d'Hitchcock, à ne pas contenir de musique. Quand j'évoque l'anecdote auprès de ma chérie le lendemain au téléphone, elle me répond : "Ben y a pas de musique non plus dans Le projet Blair Witch hein !", éclairant ainsi le fait que les geeks cinéphiles oublient un certain cinéma contemporain dans leur culture. ^^
Full Metal Jacket avant l'heure, La colline des hommes perdus est un puissant brûlot antimilitariste dénonçant le régime concentrationnaire et la torture morale infligée par les chefs médiocres sur des hommes que l'on veut transformer en bon petits soldats. Ce réquisitoire passionnant en forme de drame psychologique à la limite du thriller développe une telle tension que la seule séquence de comédie (moment jouissif et libérateur où le soldat King, poussé à bout,
décide de quitter l'armée sur le champ, ôte son uniforme, traverse la cour en caleçon sous les yeux de tous et va piquer des cigares au commandant en lui parlant comme à un vieux pote
) a déclenché dans la salle une hilarité comme j'en ai rarement entendue au cinéma. Et lorsqu'enfin le film s'est achevé au terme d'une conclusion suffocante, nombreux ont été les spectateurs à pousser un soupir comme ceux que l'on pousse après un très gros choc.
Mon film préféré de cette quarantième édition du FIFLR et un chef-d'oeuvre coup de poing dans l'absolu. Magistral !