Vinterberg passe à côté d'un son sujet en or sauvé par son actrice principale.

L’idée d’un film sur plusieurs personnes décidant de vivre ensemble dans une communauté au Danemark durant les années 70, une période à l’ouverture d’esprit immense et qui augurait de tous les possibles, était une excellente idée de film. Surtout que Thomas Vinterberg a fait ses preuves en film de groupe avec « Festen », son chef-d’œuvre, et que son récit est en partie autobiographique. Dommage de voir à quel point le cinéaste danois passe totalement à côté de son sujet pour nous livrer un film tiède et décevant.


Le problème majeur de « La Communauté » vient de son scénario qui, au lieu de se focaliser sur cet excellent postulat de la vie à plusieurs dans une sorte d’immense colocation entre adultes, se perd dès le premier quart du film dans une toute autre direction, plus consensuelle et surtout beaucoup moins intéressante. On assiste ensuite plutôt à un adultère douloureux si l’on prend l’évolution de l’intrigue sous l’angle dramatique ou à un triangle amoureux si on la perçoit du côté romantique ou sentimental. Le film s’enlise alors dans la trivialité la plus complète où l’argument de base, pourtant captivant, devient simplement contextuel.


Heureusement, Trine Dyrholm en épouse trompée mais consentante livre une interprétation digne et puissante. Elle est le cœur vibrant du film et c’est grâce à elle que l’on pardonne l’errance narrative qui se joue sous nos yeux. Tout ce qui aurait pu faire le sel d’un tel sujet part en cendres plus le film avance. Les habitants de la maisonnée ne sont jamais creusés à tel point qu’on ne pourra même pas avancer qu’ils se contentent d’être des stéréotypes - écueil possible du film de groupe. Non, ils ne servent strictement à rien, l’équivalent de figurants améliorés. Vinterberg a clairement loupé son film en changeant de direction et de propos.


On passe tout de même un moment loin d’être désagréable, mais qui n’est rien de plus qu’un drame de couple maquillé en chronique générationnelle. Sur la fin, quelques envolées lyriques et beaux moments nous frustrent encore plus en nous laissant deviner ce qu’aurait pu être « La Communauté » s’il avait tenu son cap de départ. Las, on préfère oublier ce faux pas de la part du réalisateur scandinave et s’en remettre à l’un de ses derniers films « La Chasse », mal aimé mais pourtant bien plus puissant et marquant.

JorikVesperhaven
5

Créée

le 25 janv. 2017

Critique lue 253 fois

Rémy Fiers

Écrit par

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