Neil Jordan est essentiellement connu pour être le réalisateur de Entretien Avec un Vampire, film culte et très apprécié par un public assez large. Il est intéressant de voir que ce qui a le succès de ce film se trouve déjà dans La Compagnie des Loups, qu'il réalise une dizaine d'année plus tôt.
Dans les deux cas Jordan revisite avec brio les mythes des créatures fantastiques et effrayantes. Dans l'un les vampires y apparaissent sous un jour encore inédit, bien différent des histoires de Dracula, ou des sagas Underworld et Twilight qui suivront. Dans l'autre il réadapte le Petit Chaperon Rouge en y introduisant des loups garous et une tension sexuelle plus évidente que dans la version de Charles Perrault qui est très imagée.
Un conte fantastique et horrifique pas vraiment pour les enfants, dans lequel l'idée de Perrault est conservé. A savoir une mise en garde contre les "prédateurs sexuels". Le loup garou est mi-homme mi-loup, et représente donc de manière plus directe le désir sexuel, agressif et brutal. Une tension érotique malsaine également présente dans Entretien Avec un Vampire.
Visuellement le film se situe entre l'univers très sombre de Dario Argento (comparaison qu'on peut renforcer avec le personnage féminin timide et fragile), et les effets spéciaux cheap et déguelasse de John Carpenter (et de son collaborateur Rob Bottin). Influence évidente des deux maitre de l'épouvante-horreur des années 80.
Pour sa deuxième réalisation Neil Jordan livre une œuvre esthétiquement très travaillée, et à l'ambiance pesante bien maitrisée. Un film précurseur de son œuvre majeure sur les vampires, mais qui n'a que très peu à lui envier. La Compagnie des Loups n'est pas un brouillon ou un coup d'essai, c'est déjà un film très aboutit, qui figure parmi les incontournables de sa catégorie.