L'homme est un loup pour la femme

Pas trop convaincu par ce film.

Assez vite, il apparaît que le réalisateur veut offrir un conte. Cela se ressent dans cette mise en scène très factice, avec cette forêt composée d'un unique sentier de 5 mètres de long, avec cet éclairage bien plat où on devine presque la distance du spot par rapport à l'acteur. Cela m'a semblé faux, mais en même temps pas assez. Quand je pense à un film-conte, je pense surtout à "Princess Bride" où le réalisateur va bien plus loin dans l'imagerie cheap. Ici, le réalisateur veut offrir du faux, mais pas trop. Je m'égare peut-être : il est possible que cela soit dû à un manque de budget. Parce que ça aussi, ça se ressent, surtout au travers des animatronics qui ne sont pas tous très bons (la première transformation, par exemple, qui est la plus complète, est un peu décevante parce que l'illusion de la chair ne prend pas. Par la suite, les transformations sont un peu plus découpées, et à part quelques inserts assez forts, ça n'a rien de très mémorable. Je dis ça, mais j'admets qu'il reste ici et là quelques plans très puissants, surtout à la fin, malgré une lumière qui n'accroche pas toujours (je pense au plan de la fleur sur la fin). Quant aux acteurs, ils sont bons : notre bonne vieille Arabesque surjoue comme il faut, les jeunes filles sont plus discrètes, mais douées et jolies de surcroît (je vois que l'héroïne n'a pas percé dans le cinéma), le reste du casting fonctionne. Un peu dommage que les costumes ne soient pas un peu plus sales, mais la propreté semble cohérente par rapport à l'ambiance visuelle qu'essaie d'installer Neil Jordan.

Mais ce qui m'a le plus déçu, c'est l'histoire. Trop peu de conflits, trop peu d'enjeux. À force de montrer des gens qui racontent des histoires, on se lasse, parce que les histoires racontée sont toujours trop distantes pour qu'on se prenne au jeu. Ensuite, je trouve les réactions des personnages peu cohérentes : en fait, l'héroïne est bien trop naïve, et je n'arrive juste pas à croire qu'elle puisse se laisser envoûter aussi facilement après tout ce qu'on lui a raconté et ce qu'elle a vu (la main, bon sang ! au final, c'est comme si cette scène n'avait servi à rien). Le récit s'avère même très décousu tandis que le message prend un peu trop de place. Enfin, lorsqu'on commence à comprendre que l'auteur va insérer le conte du petit chaperon rouge, ça fait un peu mal. Cela se fait petit à petit, mais c'est déjà trop.

Bref, j'avoue m'être ennuyé devant ce film qui semble ne jamais démarrer (avec un long prologue au petit chaperon rouge) ; il reste quelques bonnes idées ici et là, narratives et scéniques, quelques effets spéciaux sympathiques, mais le tout est bien trop décousu, pauvre au niveau narratif, moche visuellement pour que je puisse savourer ce film. Dommage.

Bonus : https://image.noelshack.com/fichiers/2017/16/1492455925-the-company-of-wolves.jpg