N'ayant pas eu la chance de connaître la carrière de Julie Delpy plus tôt, c'est donc sans a priori que j'ai visionné ce film.
Force est de constater qu'on en ressort impressionné par la maîtrise que dégage l'oeuvre. Tout y est d'une finesse et d'une délicatesse totalement glaciale. La photographie est une réussite, alliant intérieurs au charme suranné et extérieurs très froid. Ce coté glacé est accentué par une bande son, classieuse et baroque à l'excès, particulièrement réussie.
Niveau jeu d'acteur tous le monde est au top, mais Julie Delpy ressort évidemment du lot en livrant une prestation magistrale toute en sobriété, souffrance contenue et conscience de sa propre déraison.
Si sur la forme le film est une franche réussite, il en va également de même du fond. La narration est empreinte de subtilité et de détail. Le discours sur le temps et la beauté que l'on peut trouver à voir son oeuvre résonne singulièrement. Ici tout est question de vie et de mort, de paradis et d'enfer. Dieu octroie la beauté et la reprend aussitôt, faisant fi de la souffrance de ces ouailles.
Là où le film réussi également un tour de force c'est dans sa capacité à entretenir le doute. Doute sur l'Histoire, doute sur la réalité, doute sur ce qui s'est vraiment passé et sur la façon dont l'histoire nous parvient. Au final on resort du film sans arriver à déterminer si la Comtesse Bathory est vraiment coupable des atrocités, ou si elle n'est en fait que la victime d'un sombre complot uniquement fondé sur la culpabilité.
Et quand bien même l'on reste convaincu de sa culpabilité, on fini par la comprendre, on fini presque par compatir lorsque l'on sait, personnellement, à quel point l'Amour peut faire souffrir et rendre fou.
Aimer à la folie, Mourir de sa folie. La boucle est bouclée. Le Temps fait inexorablement son oeuvre et il ne sert à rien de fuir. L'on ne peut que profiter de chaque instant, justement parce que notre temps est compté.
Carpe Diem.