La Condition de l'homme 2 - Le Chemin de l'éternité par ngc111

Pendant la guerre. Kaji pensait y échapper mais on le retrouve enrôlé dans l'armée japonaise, lui l'humaniste, lui le pacifiste. Il se rend compte à nouveau qu'il y a des discriminations, des violences (morales plus que physiques) envers les "bleus", les jeunes recrues. Cela vire presque à la ségrégation entre les anciens déjà présents depuis 3 années au moins et ceux fraîchement débarqués comme Kaji.

Alors celui-ci se rebelle contre l'autorité, tente tant bien que mal de défendre les maltraités comme il défendait les prisonniers chinois du premier opus de La Condition de l'homme. On comprend très vite que le film préfigurera la première partie de Full Metal Jacket, à l'image du suicide d'un jeune binoclard, en difficulté devant la rudesse de ses ainés et de l'apprentissage militaire, qui deviendra le personnage de Baleine dans le film de Kubrick.

Plus centré sur le personnage de Kaji que l'était le premier film, ce deuxième volet n'en est pas moins tout autant réussi ; toujours aussi passionnant à suivre, avec un rythme posé, des décors magnifiques, des plans variés, l’œuvre de Kobayashi se veut toujours aussi étoffée dans son propos et allie le fond à la forme. Critique intelligente de l'armée, de l'autorité, de la guerre, du pouvoir et de ses conséquences, le film ne cesse de provoquer notre émerveillement devant tant d'esprit.

Et l'on suit à nouveau la transformation ou plutôt l'évolution de Kaji, d'abord victime de son statut de jeune recrue, maltraité et volontaire, désirant faire parler ses droits, désirant établir la culpabilité des anciens dans le suicide de son compagnon d'infortune, mais se heurtant au code inflexible et moyenâgeux de l'armée ; puis le Kaji chargé de s'occuper des nouvelles recrues, souple, tendre avec ces derniers, mais devant prendre sur lui les coups, les remarques et le harcèlement des "vétérans". Un rôle de martyr.
Et comme avec les prisonniers chinois il doit aussi se heurter à la réticence de certains qu'il défend pourtant, en l'occurrence celle d'un jeune fils de militaire qui n'accepte pas le traitement léger et bienveillant de Kaji ni ses convictions pacifiques.

Tout ceci forme la cohérence d'une œuvre qui se rattache inexorablement au premier film, et qui s'achève sur un champ de bataille, dans le chaos et le sang, avec un Kaji dévasté comme l'est le lieu de l'affrontement.
Et l'on comprend alors qu'il reste à traiter de l'après-guerre, finalité de l'évolution de Kaji, finalité de la Condition de l'homme.
ngc111
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les suites réussies !

Créée

le 13 févr. 2013

Critique lue 569 fois

9 j'aime

ngc111

Écrit par

Critique lue 569 fois

9

D'autres avis sur La Condition de l'homme 2 - Le Chemin de l'éternité

La Condition de l'homme 2 - Le Chemin de l'éternité
ngc111
9

Critique de La Condition de l'homme 2 - Le Chemin de l'éternité par ngc111

Pendant la guerre. Kaji pensait y échapper mais on le retrouve enrôlé dans l'armée japonaise, lui l'humaniste, lui le pacifiste. Il se rend compte à nouveau qu'il y a des discriminations, des...

le 13 févr. 2013

9 j'aime

Du même critique

La Pierre et le Sabre
ngc111
10

Critique de La Pierre et le Sabre par ngc111

Musashi, du nom d'un célèbre samouraï, est bien plus qu'un roman ; c'est un récit initiatique, un parcours auquel on assiste, et dans lequel chacun pourra puiser inspiration, force, et même, si cela...

le 13 avr. 2011

39 j'aime

6

District 9
ngc111
4

Critique de District 9 par ngc111

Toute la partie en forme de parabole sur la ségrégation raciale et communautaire est intéressante, on assiste presque mal à l'aise à l'étalage de la barbarie humaine avec une variété d'attaques qui...

le 15 janv. 2013

32 j'aime

2

Mémoires d'outre-tombe
ngc111
10

Critique de Mémoires d'outre-tombe par ngc111

Je suis finalement arrivé au bout des Mémoires d'outre-tombe. Cela aura été un plaisir quasi-permanent malgré l'importance de l'œuvre et sa densité. Des milliers de pages réparties en 42 livres,...

le 26 sept. 2010

31 j'aime

9