Je m'attendais à un énième navet comme nous autres Français savons bien les faire (un peu d'autoflagellation pour commencer une critique, ça met en jambes !), avec des personnages surjoués, une juxtaposition de scènes sans intérêt, pas de musique et aucune émotion. En tout cas, c'était ce que je ressentais avec la bande-annonce, insipide et caricaturale.
C'est mû par la curiosité et par deux amis que je suis finalement allé affronter ce film...
Et très honnêtement, je dois avouer que c'est une de mes plus belles surprises cinématographiques depuis au moins quelques mois.
Aussi éloigné à mon sens d'un brûlot anti-sarkozyste que d'une oeuvre de propagande du Président actuel, "La Conquête" est une oeuvre très habile, qui ne prend pas de parti politique (sans jeu de mots), mais dépeint les hommes, avec leurs qualités et leurs défauts qui, si on les connaît plus ou moins par les récits de la presse, nous paraissent ici encore plus vivants et forts.
Servi par un jeu d'acteurs exceptionnel (Bernard Lecoq en Jacques Chirac est magique, et Denis Podalydès en Nicolas Sarkozy est bluffant de mimétisme... et pourtant, Dieu sait que ce n'était pas mon opinion avant de voir le film !), "la Conquête" est une oeuvre biographique qui retient l'attention. Sans doute le film pâtit-il pourtant du fait que tous ces événements sont fort récents, et que les personnages mis en scène sont encore au coeur de l'actualité aujourd'hui, et que de ce fait nous avons du mal à prendre du recul pour apprécier à sa juste valeur l'oeuvre de Xavier Durringer. L'avenir dira si cette valeur est véritablement élevée.
Pour ma part, c'est un 6, qui a hésité avec un 7, donc un "bon" 6. Une bonne surprise, très divertissante (les dialogues entre J.Chirac, D.de Villepin et N.Sarkozy sont éminemment savoureux, d'autant plus que nous, spectateurs, savons quelle aura été l'issue de cette ascension de cinq ans) et pleine d'enseignements, pas tant sur le plan des événements (plus ou moins sus du grand public) que sur le plan humain...
Cela m'a fait réfléchir un peu sur les personnages mis en scène, mais beaucoup sur l'humain en tant que tel.