Un film français sur un homme politique français, c'est suffisamment rare pour qu'on puisse le noter et apprécier qu'on s'attaque un petit peu à ce sujet.
La conquête a donc le mérite de faire dans l'inhabituel en sortant un film sur un président français encore en fonction. Son deuxième atout est sans aucun doute la performance de Denis Podalydès, qui est d'une grande qualité et surtout très amusante. Enfin, j'ai beaucoup aimé l'aspect revers de la campagne et comment sa relation avec Cécilia devient un enjeu politique comme un autre, avec un échéancier qui ne pardonne pas.
Malheureusement, j'ai trouvé que le film restait assez en-deçà d'une prétention de montrer la réalité de la campagne, dont on ne voit d'ailleurs que le QG restreint et quelques hommes politiques dont on n'aurait pu se passer : Jacques Chirac et Dominique de Villepin. Ainsi, pas de Ségolène Royal, pas de regard extérieur du public ou des médias (ceux-ci interviennent systématiquement analysés par le QG de campagne de Sarkozy). Ce choix induit un deuxième travers, dont beaucoup de films biographiques ou semblables connaissent : l'impression de destin/fatalité. En 2002, malgré toute la volonté personnelle de M. Sarkozy, il y avait sûrement autant de chance qu'il y arrive et qu'il n'y arrivent, ses chances ne reposant évidemment pas du tout principalement sur sa femme Cécilia. Ainsi donc pour un film satirique, on se demande comment il est possible que les adversaires de la campagne puissent être à ce point absents du tableau d'ensemble.
En bref : un film bienvenu dans un paysage français plutôt désert en la matière, mais de nombreux défauts qui l’empêchent de marquer plus que ça les esprits ou d'en faire un repère. Heureusement l'angle comique du film le rendent sympa à regarder malgré les critiques qu'on peut lui adresser.