En plein dans le sérail des grandes Business Schools d'Europe (pourquoi se priver d'un peu d'infatuation ?), il m'est difficile de juger ce film objectivement.
Pour qui n'est pas ou n'a pas été en école de commerce et n'est alors pas coutumier des traditions, du langage et des attitudes, le film est une comédie dans la veine des films de loser à l'américaine, relativement convenue, jouée par des acteurs novices, à l'histoire toutefois originale mais au dénouement raté.
Cette histoire, c'est des étudiants pas très intégrés qui mettent en place un réseau de prostitution au sein d'une école de commerce pour satisfaire les besoins de la meute. Ça paraît tiré par les cheveux, mais ça alimente surtout le prétendu manque d'éthique de ces étudiants appelés à devenir les décideurs de demain.
Pour les autres en revanche, c'est une succession de private jokes, de délires d'initiés, de réalités propres aux écoles de commerce : de l'affichette DSK au Connemara en fin de soirée ; des vannes sur les écoles d'ingénieurs à la distinction prépa/pas-prépa ; des nobods aux associations en passant par le cynisme désabusé quant à l'avenir professionnel de ces étudiants ; etc. Le travail de Kim Chapiron est à souligner et son film regorge de détails qui rendent l'atmosphère tout à fait crédible. J'ai ainsi passé un bon moment devant le film, malgré ses faiblesses, m'y retrouvant naïvement et donnant l'impression de vivre une journée comme toutes les autres à l'école.
Il est vrai que le film se nourrit de clichés monstrueux sur les écoles (des stéréotypes parfois amplement prouvés ; parfois des clichés qui circulent au sein même des écoles - comme la soi-disant suprématie des Parisiens de souche), mais il met toutefois en lumière l'environnement fermé (et encore très élitiste) que sont les écoles avec leurs codes bien à elles et qui ne laisse pas les étudiants insensibles, comme le souligne le directeur lors de son discours de bienvenue. La critique est toutefois moins virulente que ce que présageait la bande-annonce, qui laissait vraiment croire que le film allait tirer à boulets rouges sur les écoles de commerce. Il ne fait nul doute que c'est un thème qui a toujours fait parler, encore plus depuis la crise, et qui saura déplacer les foules et intéresser les médias, toujours prompts à désigner des coupables et à dénigrer ses élites.
Mais au fond, plus qu'une critique sur les écoles de commerce en elles-même, c'est sans doute une critique de cette jeunesse au double visage, faite de brillants étudiants en costard le jour et de fêtards intenables capables des plus grandes conneries la nuit, qu'on veut projeter bien trop vite et abruptement dans un monde professionnel fait de stress, de hautes responsabilités et de gros salaires, alors qu'elle entend simplement profiter de sa jeunesse.