Bienvenue dans un film qui vous montre la face plus ou moins cachée des grandes écoles de commerce. Un monde où il y a des soirées étudiantes tous les soirs, un monde où on s’amuse plutôt qu’on travaille, un monde où les gens qui réussissent sont beaux, intelligents et de préférence riches.
C’est dans ce monde qu’évolue Dan depuis un an déjà. Il rencontre un soir Kelly, une étudiante en première année, et puis plus tard Louis en deuxième année comme lui. De fil en aiguille, tous les trois se lancent dans une dangereuse entreprise : la prostitution au sein de l’école.
Le propos est intéressant. Les jeunes gens appliquent les lois du marché au cœur humain. Croiser les termes économiques avec les sentiments n’est pas évident, pourtant ici les dialogues font mouche. Ils sont naturels et n’hésitent pas à pousser les argumentations économiques. Evidemment, il est moralement impossible de cautionner leurs actes, mais il est quand même intéressant d’observer leurs démarches, comment leur commerce, qui n’était à la base qu’un jeu, engloutit peu à peu leur propre cœur.
C’est une œuvre qui oscille entre le film pour jeunes avec les passages inévitables (drogues, romances, fêtes...), entre la critique d’une société capitaliste qui mange la jeunesse et l’apologie de ceux qui sont prêts à tout pour leur avenir.
Le film de Kim Chapiron ne jongle pas toujours bien avec le temps qui lui est imparti. On ne voit pas le temps passer lors de la première partie orientée business. Par contre lorsque le réalisateur, accompagné de son coscénariste Noé Debre, axe la seconde partie de son histoire sur les sentiments amoureux, le rythme se casse. Il n’y avait pas besoin d’expliciter l’évident dénouement de la relation qui se tisse entre Kelly et Louis. Il n’y avait pas besoin d’insister si lourdement sur leurs différents milieux sociaux d’origine. Je suis peut-être naïve, mais nous ne sommes plus à l’époque où un jeune choisit sa moitié selon son appartenance au même milieu social.
En prolongeant cette piste plus que la déchéance du réseau, la fin est ratée. L’ultime échange avec le directeur de l’école ne sera que l’unique aperçu de conclusion à laquelle nous aurons finalement le droit. Ainsi, le moment tant attendu où Dan, Kelly et Louis vont enfin devoir expliquer leurs actes est gâché par du grand WTF au ralenti. Il n’y a aucune conclusion sur ce qui se passe après le renvoi des élèves, sur l’impact qu’aura pu avoir le commerce sur le fonctionnement de l’école, sur l’avenir des héros tout simplement.
C’est dommage, surtout avec une si bonne première partie, des acteurs talentueux qui promettent et une bande-son hétéroclite canon.