La déséducation sentimentale.
L'amour, tu vois, c'est pas vraiment pour toi. De toutes façons, ce n'est clairement plus une valeur actuelle. Madame Bovary et toutes les Anna Karenine peuvent bien se jeter sous les trains, l'époque n'est plus au Départ-ivre-vers-la-mer, aux balcons-clair-de-Lune ; tout aujourd'hui est marchés, offres, demandes et profits, placement d'avenir et maquereau-économie.
C'est ce que nous explique nos trois jeunes amis plein d'avenir. Une des plus prestigieuses écoles d'Europe, monsieur ! Alors pour pécho, tu vois, il y a une sacré concurrence. Remballe tes poèmes, ici il te faut le bon polo ajoute le jeune branleur prétentieux, mais tu vois, t'es pas né au bon endroit, regarde-les les winners, ils chantent du Sardou les larmes aux yeux. C'est ça l'histoire, alors forcément, il y a de quoi s'inquiéter. L'idée de départ est marrante pourtant, mais ça commence comme une comédie douteuse avec deux ringards et du porno sur écran plat 3D. Mon Dieu, où est-ce que j'ai mis les pieds.
Même douteuse, on se doute que la comédie ne va pas durer. Et comme une blague : tu crois qu'on peut foutre le marché du cul de notre école en ramenant des meufs qu'on payerait ? Bien sûr, t'as combien sur toi ? Toutes la fille normale - comprenez celle qui n'est pas de l'école - a tellement une vie de merde ; caissière, vendeuse, distributrice de journal gratuit.
Tu vois la spirale ? Ca sera le propos du film.
Sinon, c'est joli - surtout la fille - les acteurs - qui me sont parfaitement inconnus - sont étonnamment justes, même chouettes. J'ai beaucoup aimé le faux-dernier-rebond- plus que le véritable, qui est agréable malgré tout. Et oui, ce film est agréable après tout. Parce qu'on échappe jamais vraiment aux sentiments. Qu'on remplacera pas Belle du seigneur par un vague traité d'économie. D'où la note.
(Le passage sous MD est assez pathétique.)
(Ah oui, et la BO est particulièrement étrange - j'allais dire désastreuse.)