Nous sommes ici présent face à l'une des figures les plus importantes de toute l'histoire du milieu cinématographique : le réalisateur, acteur, scénariste et producteur américain Orson Welles. Il est important de s'attarder sur quelques détails historiques pour bien saisir en quoi cette icône est unique dans le septième art. Dés ses débuts, Welles a voulu changer l'histoire du cinéma. Il va réussir à amener et imposer une nouvelle conception de cet art, elle apparaîtra là où le cinéma classique atteindra son apogée. Ce cinéaste eu la chance d'arriver avec le statut dit d'auteur à Hollywood avec la volonté d'affirmer sa personnalité ainsi que sa subjectivité. Les studios luis conféreront l'immense avantage d'avoir une liberté artistique et économique complète, ce qui créera au passage beaucoup de jalousie à son égard. Quand on regarde l'un de ses films nous pouvons sentir réellement sa patte personnel. C'est grâce à tout cela qu'Orson Welles eu la possibilité de développer au maximum ses propres idées et concepts au sein de la production cinématographique de l'époque.
La Dame de Shanghai est l'un de ses long-métrages les plus connu mais aussi l'un des plus réussi. Il propose pas mal de concepts forts ayant marqué le Cinéma en leurs temps.


L'un des concepts assez représentatifs de son cinéma est la notion dite de « Eye for I ». L'idée proposée ici à pour but de présenter dans un long-métrage un point de vue visuelle exprimant le point de vue d'un sujet en particulier. Nous pouvons parler de point de vue subjectif de l'auteur. Ce qui est créé par l'auteur à l'écran est toujours vu par lui-même, c'est lui qui raconte le film. Si nous suivons l'histoire d'un personnage en particulier dans un film de Orson Welles nous devrions à priori assister seulement à des séquences ou celui-ci est physiquement présent étant donné qu'il est le narrateur du récit. Le personnage n'exprimera que sa vision.


Nous pouvons assimiler cela au film The Lady from Shanghai, sortit en 1947. Cette notion de « Eye for I » est bien présente. Nous suivons en effet le personnage de Michael O'Hara tout au long du long-métrage. Celui-ci est le narrateur de l'histoire et est relayé en voix off qui explique le déroulement de l'intrigue lors de certaines séquences de l'oeuvre. Les images qui sont montrées au spectateur ne sont pas simplement là par défaut dans le film, ce sont les images que Michael veut montrer, mais ce sont également les seuls qu'il peut exposer car il s'agit de son histoire à lui. Il ne peut montrer que ce qu'il a vécu et vus pour expliquer sa situation dans l'histoire à l'exception de rares exceptions où il n'est pas présent directement face à la caméra. Le spectateur comprendra la mise en place du puzzle au sein du récit au même rythme que le personnage de Michael à l'écran. La fin du film présente une résolution à l'intrigue ainsi qu'un monologue en voix off mais expliqué au présent, indiquant que tout l'histoire était racontée depuis cet instant par notre protagoniste principal.


Une seconde notion ayant son importance dans le cinéma d'Orson Welles est celle dite du leurre. Ce principe est beaucoup exposé à l'écran à l'aide de miroirs. En effet le but peut être de bluffer le spectateur de manière à ce qu'il ne sache plus faire la différence entre la personne elle-même ou son reflet une fois à l'image. Cela peut aussi servir à un principe esthétique pour suggérer les multiples facettes de la personnalité d'un personnage en particulier. Nous pouvons voir l'application dans plusieurs films de Welles comme par exemple dans une scène de Citizen Kane mais ce n'est sans doute pas la plus représentative. L'exemple le plus souvent cité dans sa filmographie s'appliquant à ce concept est la dernière séquence de The Lady from Shanghai. Les personnages de Michael, Elsa et Arthur se retrouvent en effet dans un palais des glaces d'une fête foraine abandonnée. Les deux époux vont tenter de se tuer l'un l'autre à l'aide chacun d'un révolver. Ils tireront sur chaque miroirs de l'attraction sans jamais savoir où est réellement l'opposant. Grâce à un travail de surimpression, Orson Welles va faire en sorte que le spectateur se croit également dans le palais des glaces à voir de multiples reflets et à ne pas savoir ou se trouve réellement le corps du personnage filmé. Cette séquence va permettre de faire planer le doute sur l'issue de la fusillade tout en créant du suspens chez le spectateur de cinéma.


Orson Welles offre avec cette oeuvre l'une de ses plus grandes réussites cinématographiques. Le cinéaste étant très perfectionniste, il est claire que son long-métrage propose un tout grande moment de Cinéma. Certaines séquences sont d'anthologie (notamment la scène dans le palais des glace qui est une leçon absolue de mise en scène) et les personnages sont brillamment utilisés et interprétés (gros coup de coeur pour Rita Hayworth qui n'aura définitivement plus rien à prouver). Le cinéaste prouve qu'il est maître de son art à tout les niveaux et offre une perle cinématographique et une référence absolue pour le genre du film noir dont il exploite les concepts à merveille.


Nous pouvons conclure en exposant encore une fois qu'Orson Welles est l'une des plus grandes figures du cinéma ayant réussi à le modeler à sa façon et avec ses propres notions directement reconnaissables à l'écran.

Vladimir_Delmotte
8

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le 16 mars 2020

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