Il est souvent difficile de se défaire de ses rôles quand on a été un enfant-star. Mark Hamill en a fait les frais, tout comme Macaulay Culkin ou Haley Joey Osment. Certains ont réussi à s'en sortir (Elijah Wood notamment), et de ce fait, nous attendons plus qu'au tournant les acteurs de la plus longue saga du cinéma : Harry Potter. On pourra voir bientôt Emma Watson à l'affiche, dans un second rôle, de My week with Marilyn et Rupert Grint, lui, prépare Into the White. Mais celui qu'on attendait le plus, c'était le sorcier à lunettes, Daniel Radcliffe, qui dès que sa tête apparait est inévitablement identifié à Harry Potter. La vraie problématique (et le probable futur succès du film) du film était donc de savoir si l'acteur était crédible dans un autre rôle et surtout un autre genre. Le deuxième défi du film est le renouveau de la Hammer. Renaissant de ses cendres en 2008, les studios livrent tant bien que mal des films en demi teinte, après le très décrié (à tord) Let me In et le assez mauvais La locataire. La saturation du marché du film d'horreur n'aide pas, surtout quand une majorité de la production se résume à du found footage sans aucune réelle volonté de mise en scène.

James Watkins n'en est pas à son premier coup d'essai puisqu'il avait déjà réalisé auparavant le très choc Eden Lake avec Kelly Reilly. Il s'attèle ici à la seconde adaptation du roman La dame en noir de Susan Hill, la première datant de 1989 par la BBC, après avoir été une pièce de théâtre.
Radcliffe incarne Arthur Knipps, un jeune veuf notaire dont la femme est morte en donnant la vie à leur fils. Depuis, il n'a pas fait son deuil et Arthur est en fait un homme triste, terne, où seul la vision de son fils le fait sourire. Mais il doit l'abandonner le temps d'une semaine et le laisser pour partir à Crythin Gifford, un village anglais très reculé où il devra faire l'état des lieux d'une maison d'une dame récemment décédée. Mais cette maison est en réalité hantée, et des enfants meurent très étrangement dans le village. Knipps en profitera donc pour résoudre ces mystères.
Le premier constat à faire, c'est que aussi bien à l'écran que sur le papier, La Dame en noir ne révolutionne pas le genre. Trop classique non, très classique oui, le film n'a pas de grande surprise. En effet la fin, la cause de la mort des enfants ainsi que les motivations de la dame en noir se devinent suffisamment à l'avance. Mais ce n'est pas le plus important.

Déjà parce que voir un film aussi classique soit-il que la dame en noir fait plaisir, exit les possessions, les exorcismes et les shaky cam. Le film aurait très bien pu être réalisé il y a 30 ans. Mais surtout parce que la réalisation est spectaculaire. Hormis quelques jumpscares assez efficaces, nous sommes plus en face d'un film à ambiance qu'à de l'épouvante pure (Insidious par exemple) est aidé par la construction en crescendo du long métrage. Ainsi donc, l'ambiance créée met autant mal à l'aise que peut faire peur et le réalisateur a bien compris ce qui marchait, à savoir des enfants, souvent invisibles, des jeux d'enfants, des musiques et des rires, le tout amenant à la scène final qui nous fait se hérisser les poils de frissons et s se cramponner au siège. Watkins offre également certains moments de bravoures comme cette scène où Radcliffe se retrouve ensevelit dans la boue et n'est d'ailleurs pas sans rappeler le passage où Alison Lohman se retrouve toute boueuse dans Jusqu'en enfer. Plus que dans la réalisation, c'est véritablement dans le scénario et dans l'ensemble que la construction en crescendo se fait ressentir. Arthur peine à faire son deuil, si bien qu'on se demande s'il ne semble pas sombrer dans la folie. Le film n'hésite d'ailleurs pas à aborder des thèmes très adultes et à les traiter de la même manière, le deuil atteignant son paroxysme grâce à la fin, inattendue et pourtant d'une logique implacable.

Parlons de Daniel Radcliffe... Et bien même si on pouvait avoir peur (huhuhu) du résultat, c'est bien simple, le jeune anglais fait oublier dès les 5 premières minutes son rôle de Harry Potter tant il est bluffant. Le teint blafard, la mine lugubre, même si son jeu n'était plus à prouver (il suffit de voir son interprétation comique dans le SNL par exemple), il montre qu'il a tout d'un grand et qu'il sait également se diversifier. On a hâte de le voir ailleurs.

La dame en noir est classique oui, mais dans le bon sens du terme, très bien construit, très bien réalisé et très bien joué, il manque peut être d'un petit plus pour s'ériger au côté des plus grands. Mais aux vus des jeunes talents qui ont fait le film, le résultat est déjà excellent et grâce à ça, on promet de beaux jours à la Hammer, aussi bien qu'à Radcliffe.
AlexLoos
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le 13 mars 2012

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AlexLoos

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