Quand une société comme la Hammer Film Productions (célèbre pour ses œuvres exploitant des monstres comme Dracula, Frankenstein ou la Momie) dont l'âge d'or connu fût dans les années 50-60 décide de se remettre en selle pour de nouveaux projets de films d'horreur, il est bien évident que les cinéphiles amateurs de cinéma de Genre se réjouissent d'avance. Quand il s'agit d'un réalisateur assez peu reconnu qui est choisi pour mettre en scène un roman de Susan Hill déjà adapté à la télévision ou encore au théâtre, il est quand même plus question de déchanter un petit peu... Connu comme étant le scénariste de petites productions du cinéma de Genre comme My little eye ou The Descent 2, James Watkins est aussi réalisateur du très bon Eden Lake qui offrait aux spectateurs une bonne dose de sensations fortes en matière de gore et de survival movie. La Dame en noir est donc sa seconde réalisation et son choix d'univers est radicalement différent. Exit le week-end en amoureux qui tourne mal à cause d'une bande d'ados : ici, on se retrouve plongés dans une Angleterre victorienne aux allures de romans gothiques que pourrait sûrement envier Edgar Allan Poe. Ce choix esthétique se trouve être assez logique puisqu'il convient parfaitement à une histoire de fantômes, l'inconscient collectif ramenant souvent ce genre de conte à cette époque si particulière. On suit donc Arthur Kipps (aka Daniel-Potter-Radcliffe), jeune notaire veuf et papa d'un petit garçon, ayant pour mission de gérer les droits de succession d'une cliente décédée et se retrouvant face à des fantômes forts peu sympathiques, une fois dans la maison de cette dernière. En dehors de ce pitch quelque peu simpliste, le film instaure d'emblée une atmosphère lourde et sombre qui ne cesse d'être appuyée par des apparitions fantomatiques. James Watkins nous présente ici une production profondément ancrée dans la lignée des films de Genre qui souhaitent plus créer un climat d'angoisse, que de réellement enchaîner les screamers, plus qu'attendus, les uns après les autres. Il use ainsi habilement de nos peurs les plus profondes afin de créer une tension dérangeante. Une scène qui illustre bien ce ressenti serait celle vers la fin où Arthur met en route un à un les automates dans la chambre d'enfant et ainsi rend vivants des objets immobiles. On peut repenser à la théorie de Freud sur « L’inquiétante étrangeté » (ndlr. « Das Unheimliche ») qui reprend E. Jentsch parlant de cas significatifs comme « celui où l'on doute qu'un être en apparence animé ne soit vivant, et, inversement, qu'un objet sans vie ne soit en quelque sorte animé ». Cette idée est parfaitement illustrée lors des passages à l'intérieur de la chambre d'enfant, vide de toute vie humaine, mais rassemblant un nombre important d'automates, poupées, et autres clowns à visages très réalistes prêts à bouger à tout instant. Ces peurs enfantines reviennent alors brutalement dans la tête du spectateur : logique puisque les enfants sont au cœur même de cette histoire de fantômes. Watkins use d'eux comme étant des éléments anxiogènes pouvant véritablement apparaître à n'importe quel moment de façon plus ou moins violente. Couplé à ces apparitions, la notion même de mort est constamment présente à l'écran avec des éléments comme des cimetières, des pierres tombales, ou encore des corbeaux, animaux charognards, qui, par conséquent, sont souvent proches de corps inanimés (leur présence est autant dans le champ et visibles, que hors-champ juste par le son de leur croassement).
Quand on regroupe tous ces éléments, il est notable que le film recherche bien à faire entrer le spectateur au sein même de son récit et malgré des longueurs assez pénibles (la deuxième scène à l'intérieur de la maison qui dure plus d'une quinzaine de minutes sans aucune parole tombe à plat alors qu'elle est censée porter tout le suspense du film), d'un jeu d'acteur passable, et de quelques incohérences (mais où est donc passé ce pauvre chien qui ne ressortira jamais de la maison?), la fin est originale voire presque inattendue, et on sent un potentiel intéressant derrière ce jeune réalisateur : affaire à suivre...

Sadyness
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le 29 nov. 2015

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